Critique CD: Muse – The Resistance
Maintenant pleinement affranchi de son épithète de «clone de Radiohead», Muse fait paraître un cinquième album dense et ambitieux qui démontre un groupe maître de son propre style et en plein contrôle de sa créativité.
Muse en a fait du chemin depuis ses débuts, il y a plus de dix ans. Après un premier album (Showbizz, en 1999) qui évoquait beaucoup trop les sonorités de Thom Yorke et sa bande, le trio britannique s’était peu à peu dirigé vers une sonorité plus musclée avec d’imposants murs de guitares, une production saturée bien remplie par des claviers et des envolées vocales dramatiques signées Matthew Bellamy.
Ce développement a atteint son apogée avec le précédent Black Holes and Revelations, lancé en 2006. Le groupe était donc prêt à entreprendre de nouvelles aventures pour ce cinquième album intitulé The Resistance. Le temps est venu d’explorer davantage un côté progressif, d’emprunter aux opéras rock, au piano classique et à la science-fiction.
Premières impressions trompeuses
Le début de The Resistance ne laisse pourtant pas présager de tels détours. Uprising et Resistance, les deux premières pistes du compact, auraient bien pu se retrouver sur Black Holes and Revelations. Entraînantes et solides, elles mettent la table pour un album explosif, alors qu’on nous réserve, en réalité, beaucoup plus de finesse et d’audace.
La troisième, Undisclosed Desires, aurait pu, elle, être évincée de l’ensemble. Avec son rythme électro-pop rappelant une mauvaise chanson de Depeche Mode, elle est le principal talon d’Achille de l’ensemble.
Puis, Muse change le ton et se fait aller le mélodrame avec United States of Eurasia (+Collateral Dommage), où une approche à la Queen se mêle à des sonorités orientales avant que la Nocture en Mi b majeur de Chopin ne vienne clore l’aventure.
Conclusion en trois volets
L’album se termine sur une suite symphonique intitulée Exogenesis, présentée en trois pistes continues: une ouverture, une «pollinisation croisée» et la «rédemption».
Un brin pompeuse et grandiloquente, cette suite n’est toutefois pas sans son charme, alternant de façon élégante entre de poignantes mélodies de piano à la Chopin et des tourbillons de guitares électriques.
On savait déjà que Matthew Bellamy, Dominic Howard et Chris Wolstenholme déplaçaient beaucoup d’air à eux seuls, mais le fait qu’ils aient réussis à coucher sur disque autant d’idées et de sonorités différentes qui s’amalgament avec autant d’aise relève du tour de force.
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- Muse
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