Critique CD | MGMT – Congratulations

Deux ans après Oracular Spectacular qui, mine de rien, s’est écoulé à plus d’un million d’exemplaires, la formation américaine MGMT revient à la charge avec un deuxième album hétérogène, aventureux et certes pas facile à apprivoiser. Congratulations est la suite des choses pour un groupe aux multiples influences et à l’imagination débordante qui ne souhait vraisemblablement pas faire du surplace, quitte à perdre des fans en cours de route.

Ne cherchez pas d’extraits pop percutants à la Kids ou Time to Pretend sur ce deuxième album : aucune pièce ici ne colporte ce genre de mélodie adhésive qui domine d’un bout à l’autre de la pièce.

Délire assumé

MGMT délaisse un peu la pop sucrée qui avait fait son succès sur le premier album en faveur d’une approche plus psychédélique, difforme, fragmentée.

Il en résulte un pastiche de divers types d’influences des années 1960 et 1970 : le psychédélisme des premiers albums de Pink Floyd, une touche de surf rock à la Beach Boys et des élans progressifs à la Gentle Giant, tout ça ponctué d’harmonies vocaux certainement influencées par Phil Spector.

Avec tous ces ingrédients bien digérés et savamment modernisés (les Flaming Lips en seraient fiers), MGMT est passé maître à l’art de créer des ambiances oniriques à mi-chemin entre le rêve et le cauchemare et exploite ce talent tout au long de l’album.

Même s’il manque parfois de «colle» à tout ça pour relier les divers éléments, on ne pourrait qualifier Congratulations d’incohérent tant la folie est bien répartie sur tout le disque.

À elle seule, la pièce centrale Siberian Breaks – qui comporte 7 parties bien distinctes merveilleusement rattachées et atteint les 12 minutes – en vaut le coup.

Difficile à dire si le groupe vendra autant de copies de ce deuxième album (probablement pas), mais les mélomanes adeptes d’art-rock apprécieront sans doute l’effort, qui regorge de moments de qualité et témoigne d’un certain courage qui manque souvent aux formations rock à tendance pop.

Moments forts :
It’s Working, Flash Delirium, Brian Eno, I Found a Whistle, la très longue Siberian Breaks