Critique CD | Massive Attack – Heligoland

Près de deux ans après «Third » de Portishead, c’est au tour de Massive Attack d’effectuer un retour étonnant qui redonne au mouvement trip-hop une pertinence presque oubliée tout en amenant le genre à un nouveau niveau.

Sur ce cinquième album studio officiel (on exclut ici une trame sonore) du groupe/projet/collectif, Robert del Naja (3D) et Neil Davidge réincarnent certains éléments de l’esprit des albums précédents tout en abordant fièrement une approche plus down-tempo, et en s’entourant de nouveaux artistes collaborateurs dont l’instrument vocal vient tour à tour teinter les chansons d’une personnalité propre.

Les collabos

Damon Albarn (de Blur et Gorillaz, notamment) prête sa voix à une chanson presque pop, mélodramatique et bien sentie («Saturday Come Slow»), comme un remix intéressant d’une chanson dont Blur aurait été fier.

De son côté, Hope Sandoval susurre sensuellement la délicate mélodie de «Paradise Circus» (voir vidéo ci-bas), alors que la sublime voix de Guy Garvey (Elbow) se marie à merveille à l’inquiétante «Flat of the Blade» et celle de Tunde Adebimpe (TV on the Radio) dresse le ton de l’album sur la pièce d’ouverture « Pray for Rain ».

De retour au bercail, Horace Andy prête également son timbre de voix caractéristique et son vibrato singulier à quelques pièces dont «Girl I Love You», l’une des meilleurs de l’ensemble en raison de sa montée en crescendo cyclique.

Du nouveau et du familier

Moins lugubre et claustrophobe que l’excellent «Mezzanine» (1998), «Heligoland» est toutefois au moins aussi sulfureux que ce dernier, sans tomber dans la fade relecture qu’inspirait «100th Window» (en 2003).

Les basses fréquences sont à l’honneur comme toujours, les rythmes hypnotiques aussi, mais l’écoute complète semble moins lourde et aliénante que pour certains albums précédents du groupe.

Impossible de passer sous le silence l’influence de la musique de film – occupation principale de 3D et Davidge pendant leurs sept ans d’absence sur disque – dans la conception de ce disque.Les ambiances sont soignées comme jamais, souvent constituées de minutieux détails.

Un retour sur disque très réussi pour un groupe qu’on croyait relégué aux oubliettes.

Moments forts :
Girl I Love You, Flat of the Blade, Paradise Circus, Saturday Come Slow

Moments moins forts:
Babel, Psyche