Eric Clapton

Critique CD: Eric Clapton –


Eric Clapton

Clapton

À l’âge de 65 ans, Eric Clapton n’a rien perdu de ce qui fait son charme et son succès: sa voix sensible, ses mélodies qui restent dans la tête, et son jeu subtil et totalement génial à la guitare électrique.

Pour quelqu’un qui n’a pas suivi avec attention la carrière de Clapton et qui ne connaît pratiquement que ses grands succès (Layla, Cocaine, Tears in Heaven, My Father’s Eyes), cet album surprend.


Du blues, du jazz, un soupçon de gospel

Simplement intitulé Clapton, le vétéran rockeur touche ici autant au blues qu’au jazz, tout en effleurant le gospel. Et il le fait remarquablement bien.

Le tout débute sur un blues musclé, Travelin Alone, datant de 1951. Pas la meilleure pièce de l’album, mais ça donne le ton.

S’ensuit un blues plus « pépère », Rockin’ Chair, un classique de 1929 que Clapton rend très bien, accompagné entre autres de Derek Trucks à la slide guitar et Abe Laboriel Jr à la batterie.

River Runs Deep est une pièce de 1971 écrite par JJ Cale (le compositeur de Cocaine). Cale et Clapton partagent ici le micro ainsi que les parties de guitare. Un blues envoûtant marqué par la présence du London Session Orchestra.

Clapton semble avoir du plaisir sur Judgment Day, une chanson datant de 1956. Sa voix est jeune et enjouée. L’harmonica de Kim Wilson est ici en vedette, et il s’agit d’une excellente pièce.

Sur le classique de 1932 d’Irving Berlin, How Deep is the Ocean, Clapton reprend sa voix de vieux bluesman pour cette lente mais jolie pièce, agrémentée à la fin d’un doux solo de trompette de Wynston Marsalis.

My Very Good Friend the Milkman est sans contredit l’un des meilleurs moments de cet album : avec une voix à peine reconnaissable, Clapton chante les paroles charmantes alors qu’Allen Toussaint et Walter Richmond font aller leurs doigts sur leur piano, et que Wynston Marsalis y va d’un jeu de trompette bon enfant. Un petit bijou.

Can’t Hold Out Much Longer, plus agressive et rockeuse, est un autre bon moment de l’album.

That’s No Way To Get Along a déjà été reprise par les Rolling Stones, sous le titre Prodigal Son, en 1968. Encore une fois, Clapton et JJ Cale s’échangent ici le micro et les solos de guitare, avec brio.

JJ Cale est l’auteur de la prochaine pièce, Everything Will Be Alright, agrémentée de l’Hammond B3 de Paul Carrack. Correcte, sans plus.

Le meilleur moment de l’album, c’est Diamonds Made From Rain, un duo Clapton/Sheryl Crow. Cette chanson est tout simplement séduisante, touchante, envoûtante. Le cœur de l’album se trouve dans cette pièce.

Deux pièces de 1935 suivent, When Somebody Think You’re Wonderful (amusante) et Hard Time Blues, puis un rock conventionnel (Run Back To Your Side), et enfin Autumn Leaves, une sensible reprise d’un classique de Jacques Prévert.

Se promenant d’un genre à l’autre avec aisance, Eric Clapton charme sur cet album, qui fait la preuve que le vétéran est maître de son art, et qu’il est loin d’avoir dit son dernier mot!

Moments forts :
Diamonds Made From Rain, My Very Good Friend the Milkman

Moments faibles:
Everything Will Be Alright, Run Back To Your Side

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