Critique CD: Black Eyed Peas – The Beginning
The Black Eyed Peas
The Beginning
L’an dernier, The Black Eyed Peas nous avait offert The E.N.D., un album qui marquait un changement de cap pour la formation qui, auparavant, mélangeait habilement le hip-hop à divers genres musicaux.
The E.N.D., pour sa part, était plus techno, et faisait appel à une technologie très populaire: le logiciel Auto-Tune, qui modifie les voix humaines et leur donne un aspect robotique. Depuis 1999, de Cher à la distribution de Glee, tout le monde s’en est servi, plus ou moins adroitement.
Si l’utilisation d’Auto-Tune était relativement dosée sur The E.N.D., le producteur Wil.i.am (aussi leader et compositeur principal du groupe) en abuse largement sur The Beginning, le nouvel album du groupe, au point de rendre les chansons intolérables.
Amas de pièces rejetées?
Le premier single, The Time (Dirty Bit), reprend le refrain de (I’ve Had) The Time of My Life, chanson-thème du film Dirty Dancing de 1987. Si la pièce est parfaite pour se défouler sur les planchers de danse, elle n’apporte rien d’intéressant à l’ensemble de l’œuvre des Black Eyed Peas, et semble, au final, paresseuse et bâclée.
C’est également ce qui se dégage du reste de l’album. The Beginning laisse l’impression d’un ramassis de pistes rejetées de l’album précédent. On ne sent aucune passion dans l’écriture, et aucune implication des membres du groupe autre que Wil.i.am. Le disque aurait été lancé en tant qu’oeuvre solo que personne n’aurait été surpris.
Les emprunts manquent d’inspiration – Fashion Beats, qui reprend un segment de My Forbidden Lover de Chic, rappelle aussi un peu Vogue de Madonna, sans la qualité d’écriture – et les paroles sont plus insipides d’une chanson à l’autre (XOXOXO, Whenever).
Plusieurs invités, dont David Guetta (The Best One Yet), ont participé à l’écriture et la réalisation de l’album, n’empêche que celui-ci ressemble à un one-man show, le résultat des expérimentations d’un homme avec ses machines.
Le « Wil.i.am show »?
Au cours de la dernière tournée, Wil.i.am prenait plusieurs minutes, au milieu du spectacle, pour jouer au DJ, en solo derrière ses tables tournantes. The Beginning s’inscrit dans cette démarche exploratoire de l’univers des rythmes
techno. Sauf que le tout manque de substance.
Où sont les chansons « coup de poing » et dénonciatrices comme Where Is The Love, Third Eye, Anxiety, ou sarcastiques, comme My Humps ou Now Generation?
Les voix de Fergie et des trois rappeurs sont gâchées par la surutilisation de l’Auto-Tune (sauf à quelques rares moments), et le tout devient rapidement insupportable.
Bien que profitant d’une réalisation adroite, The Beginning, de The Black Eyed Peas, est un album qui n’est d’aucun intérêt. S’il en est, le seul mérite de l’album est sa capacité à faire danser, mais ça, même Guy Lafleur y est arrivé en 1979. Aligner des chansons au rythme entraînant n’est pas sorcier, sauf que The Black Eyed Peas nous a habitués à plus de substance par le passé.
Pour un album hip-hop réalisé avec goût, maturité, subtilité, tournez-vous plutôt du côté de Kanye West et de son excellent My Beautiful Dark Twisted Fantasy.
- Artiste(s)
- Black Eyed Peas
- Catégorie(s)
- Pop,
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