The Black Keys

Critique album: The Black Keys – El Camino

The Black Keys - El Camino The Black Keys El Camino

Le duo The Black Keys n’a pas perdu de temps à donner suite à Brothers (2010), petit bijou néo-blues-rock vendu à plus d’un million d’exemplaires et sacré Album Alternatif de 2011 aux Grammy Awards en février dernier. Moins complexe et complet que son prédécesseur, El Camino propose un rock plus pop et précipité qui séduit dès la première écoute, même si les limites de son charme sont aussi rapidement exposées.

Difficile de résister au premier extrait, Lonely Boy, qui débute l’album en force. Rythmée, accrocheuse, Lonely Boy est faite sur mesure pour délier la foule en concert ou faire lever le party le plus timide.

C’est sans doute précisément ce que les nouveaux fans du duo, qui ont découvert The Black Keys grâce à Tighten Up (sur Brothers), espéraient entendre sur ce nouveau disque très attendu.

Cet effet ne s’estompe jamais vraiment au fil des 11 chansons contenues sur l’album, même si les fines gueules rechercheront en vain le raffinement sonore et le soul de Brothers. Ou les jams féroces déployés en toute liberté hors des contraintes de la chanson pop.  Ici, toutes les chansons respectent gentiment la règle des 3 minutes, sans trop de dépassement.

Vrai aussi que certains titres sur El Camino empruntent des tactiques presque tapineuses pour plaire. Si l’on ne connaissait pas l’humour sans orgueil des Black Keys, Little Black Submarines, une ballade acoustique mignonne (sans plus) qui se transforme en un féroce jam Zeppelinesque, passerait pour une pièce pompeuse.

Avec ses guitares très 80’s en introduction,  Run Right Back semble se la jouer un peu trop « rock radiophonique », avant que ses couplets et refrains l’amènent dans des territoires « stoner rock » qui lui font un grand bien. Stop Stop est un autre titre qui pourrait sembler avoir été construit sur mesure pour les radios. Un brin racoleuse pour The Black Keys.

 

En studio sans compos

Cette « facilité » est sans doute le fruit de la spontanéité de l’entreprise. On raconte que les deux complices et leur réalisateur sont entrés en studio à Nashville sans la moindre composition en main.

Avec l’aide de Danger Mouse – qui avait justement réalisé le succès Tighten Up ainsi que l’album précédent, l’excellent Attack & Release –  le guitariste et chanteur Dan Auerbach et son fidèle batteur Pat Carney ont conçu un album en composant au fil des séances. En s’appuyant sur les formules de la pop, il ne fallait plus que se fier au brio des deux musiciens et à leur sens mélodique pour que l’album réussisse.

Force est d’admettre que c’est le cas: les lignes mélodiques sont irrésistibles, l’enthousiasme contagieux et le groove digne de deux vieux guerriers inséparables. Même si l’originalité manque un peu à la formule.

Il manque à El Camino un peu de courage et de recherche esthétique pour accoter Brothers, ou même la moitié des albums précédents des Black Keys. Mais le plaisir est au rendez-vous et El Camino regorge de titres qui mettront le feu aux poudres en concert*. Pourquoi bouder ce plaisir?

* Justement, The Black Keys sera de retour à Montréal le 13 mars 2012 pour un concert au Centre Bell. Avec Arctic Monkeys en première partie.

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