Critique album | St. Vincent – St. Vincent

St. Vincent - St. Vincent St. Vincent St. Vincent

En peu de temps, Annie Clark – dite St. Vincent – s’est imposée comme une nouvelle icône de la pop rock, juste assez edgy pour les mélomanes à l’affût, et avec juste assez de flair pop pour plaire à un large public. Cet impressionnant talent d’équilibriste musicale s’affine d’album en album, et atteint un point marquant avec ce savoureux quatrième album solo, simplement intitulé St. Vincent

Ses talents d’auteure compositeure, de multiinstrumentiste – Clark est particulièrement douée à la guitare électrique – ainsi que sa voix juste, expressive et polyvalente ont toujours brillé sur les albums de St. Vincent. Des chansons comme Actor Out of Work, Marrow, Surgeon, Cheerleader ou encore Chloe In The Afternoon témoignaient de sa fascinante propension à glisser habilement des textes parfois crus, étranges, osés dans une musique pop, accrocheuse, mais souvent déchirée par de furieuses attaques de fuzz imprévisibles et des compositions aux subtils détours. Du Art rock féminin à son meilleur, comme on n’en voit plus depuis les belles années de PJ Harvey.

En se joignant au mythique David Byrne pour le projet Love This Giant en 2012, Clark a non seulement affiné son écriture, mais a visiblement pris goût aux rythmiques obliques, aux grooves atypiques, qu’elle insère ici dans ses propres chansons à l’occasion, notamment sur le premier single Digital Witnesses.

Pour ce faire, St. Vincent a fait appel au batteur des Dap-Kings, Homer Steinweiss, ainsi qu’au percussionniste de Midlake, McKenzie Smith, qui fournissent tous deux une multitude de bonnes idées sur le plan rythmique.

Avec ce mélange, pas étonnant qu’Annie Clark décrive son album comme « un disque de party qu’on peut faire jouer à des funérailles ». Une musique rythmée, entraînante, aux sonorités généralement joviales, mais dotée d’un bagage lexical et mélodique qui rehausse la valeur de réécoute de l’album.

Qu’elle raconte l’anecdote (apparemment vraie) d’un serpent à sonnette qui la poursuit lors d’une balade nudiste dans le désert du Texas (Rattlesnake), ou une rencontre hallucinée (sous l’effet de médicaments sédatifs) avec le cofondateur du Black Panther Party (Huey Newton), tous les prétextes sont bons pour raconter une bonne histoire en musique.

Le précédent Strange Mercy (2011) était plus ambitieux par moments, mais la variété de St. Vincent en fait un album plus accessible. Peut-être pas supérieur, mais plus susceptible de la propulser encore plus loin dans l’estime populaire. Et c’est tant mieux.

Reste plus qu’à souhaiter sa présence à Montréal sous peu, car c’est en spectacle que l’excellente musicienne brille le plus…

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