Critique album: Red Hot Chili Peppers – I’m With You

Les Red Hot Chili Peppers donnent enfin suite à Stadium Arcadium (2006) avec I’m With You, un 10^e album ayant mijoté pendant un an en studio et qui incorpore un nouveau piment à la recette : Josh Klinghoffer à la guitare.

Sans être une grande réussite digne des Blood Sugar Sex Magic et Californication de ce monde, I’m With You comporte suffisamment de moments mémorables pour permettre aux Red Hot Chili Peppers de conserver leur place sur les palmarès et sur les ondes radio.

De toute façon, les fans de la première heure le savent : le rock féroce et le funk grisant ne sont plus ce qu’ils étaient. Fini depuis longtemps l’époque où le groupe suintait les phéromones et faisait dresser les poils de bras avec sa fougue adolescente.

L’heure est à la pop fédératrice en conservant tout ce qu’il faut de groove et de guitares mordantes pour ajouter cette saveur épicée qui rehausse les vers d’oreille des Kiedis.

Les bons coups et les bouche-trous

Certains titres touchent la cible : Brendan’s Death Song compense un manque d’originalité sur le plan musical avec une charge émotive bien sentie, alors que Police Station alterne de façon admirable entre les modes majeur et mineur, créant une jolie montagne russe mélodique. Les deux balades ont en commun d’appuyer avec tact des textes poignants et introspectifs, Brendan’s Death Song faisant référence au biographe et ami du groupe, Brendan Mullen, décédé le même jour où Klinghoffer s’est officiellement joint au quatuor.

D’agréables surprises se faufilent également au lot : le refrain disco rock de Monarchy of Roses, le jam afrobeat de Did I Let You Know et ce solo de basse éperdu qui relève la prévisible Goodbye Hooray.

D’autres titres sentent toutefois le réchauffé, ou même le remplissage (Happiness Loves Company, l’ennuyante Meet Me at the Corner et Annie Wants a Baby, notamment). Sans compter le spectre d’un guitariste ayant quitté inopinément le navire …

Relayer l’irremplaçable

Les souliers de John Frusciante ne sont pas faciles à chausser. Parlez-en à Dave Navarro. Le guitariste de Jane’s Addiction avait été appelé à combler le vide laissé par le premier départ de Frusciante, en 1993.

Malgré ses 8 millions de copies vendues et ses 3 hits radio, le seul album auquel Navarro avait participé, One Hot Minute (1995), avait été sévèrement critiqué par les fans en plus d’être qualifié de « flop » par plusieurs critiques. Anthony Keidis, Flea et Chad Smith n’avaient d’autres choix que de ramener Frusciante à leurs côtés pour redonner un second souffle à la carrière des Chili Peppers (Californication, en 1999).

Plus de 10 ans après le retour au bercail de leur frère d’arme, les Red Hot Chili Peppers se voyaient récemment dans l’obligation de remplacer de nouveau cet important pilier de l’architecture musicale du groupe.

Une fois de plus, on a fait appel à un guitariste de renom, membre d’Ataxia mais aussi musicien à gages pour diverses grosses gommes de la pop et du rock, de Beck à PJ Harvey en passant par Gnarls Barkley. Et les Red Hot Chili Peppers eux-mêmes, en tournée.

Contrairement à Navarro, Klinghoffer n’a pas simplement tenté de substituer le style caractéristique de Frusciante par le sien tel quel… ce qui n’est peut-être pas une sage décision pour autant. Les arrangements de guitare électrique semblent parfois s’inspirer du style de Californication, alors qu’à d’autres moments, le nouveau Pepper semble piger dans l’époque Mother’s Milk avant d’y apposer timidement sa propre griffe. Difficile d’être pleinement à son aise avec toute cette pression, sans doute.

Toutefois, les Red Hot Chili Peppers ont clairement identifier I’m With You comme une renaissance, un nouveau commencement. La suite des choses permettra donc de conclure si l’inclusion de Klinghoffer aura été une brillante décision.

En attendant, le 10^e album de la formation californienne remettra sans doute les Red Hot Chili Peppers sur les rails. N’en déplaise aux purs et durs, les Red Hot Chili Peppers ont toujours ce qu’il faut pour trôner au sommet des groupes pop rock les plus en vue. I’m With You devrait connaître un succès considérable et éventuellement, avec un certain recul, trouver sa niche dans l’imposante discographie du groupe.