Critique album: Radiohead – TKOL RMX 1234567

Rares sont les albums de remix qui ajoutent une nouvelle dimension pertinente à l’oeuvre originale. Visiblement, même Radiohead n’a pas su chapeauter un tel projet capable de relever le défi avec brio, comme en fait preuve TKOL RMX 1234567: un disque double réunissant 19 pistes remaniées en versions (encore plus) électro des chansons du plus récent album The King of Limbs.

En fait, le premier des deux disques comporte son lot de réussites, à commencer par la toute première piste: Caribou propose une agréable réinterprétation de Little By Little qui utilise adéquatement les forces de la chanson afin d’en créer une nouvelle oeuvre.

Tour à tour, Harmonic 313 et Mark Pritchard passent Bloom (la pièce la plus souvent reprise du lot – 5 versions!) au tordeur.  Le premier n’y apporte rien qui vaille, alors que Pritchard lui insuffle, à tout le moins, un sentiment d’urgence qui n’est pas inintéressant.

Les ratés sont toutefois nombreux. Lone viole carrément la jolie ballade Feral en la transformant en dubstep sans queue ni tête, le genre qu’on retrouve dans les magasins de jeans branchés. L’approche minimaliste de Pearson Sound Scavenger sur Morning Mr Magpie, pour sa part, donne un résultat qui ressemble à la fonction « demo » d’un clavier Casio défectueux.

Pour le reste des titres, leur structure redondante noie complètement les dynamiques et nombreuses nuances des pièces originales. Il en résulte des moments musicaux sans âme: ni celle de Radiohead, évaporée dans le processus, ni celle des artistes aux commandes. Il faut croire que les chansons de The King of Limbs ne se prêtent pas si bien au jeu, finalement.

Un deuxième disque… de trop!

La seconde offrande du coffret est pire que le première, et c’est là que la sauce s’étire.

La prémisse d’Altrice n’est pourtant pas bête: tenter de créer un amalgame d’éléments de plusieurs pistes du disque afin d’en créer une oeuvre simplement intitulée TKOL. Le résultat semble toutefois aléatoire.

Blawan attaque Bloom avec une agressivité prometteuse, mais semble oublier la chanson derrière lui. Décidément, cette chanson a beau être la plus populaire comme sélection, personne n’arrive à lui donner une deuxième vie: Objekt et Jamie xx s’y perdent à leur tour.

Modeselektor touche quelque chose de bien avec son techno house progressif sur Good Evening Mr. Magpie et le traitement rythmique que réserve Anstam à Separator mène rondement un remix autrement sans saveur, mais il n’y a vraiment pas assez de points positifs pour justifier une deuxième écoute de cette deuxième bordée décevante.

Ajoutez à cela l’absence totale de fil conducteur et vous vous retrouvez avec une collection hétéroclite et beaucoup trop longue de titres électro qui se cherchent une personnalité quelconque entre les contraintes d’une pièce originale à respecter et sa propre griffe.

Chapeau au groupe d’avoir tenté l’expérience, avec autant de confiance envers ses collaborateurs de surcroît. Le résultat est toutefois superflu dans la collection des fans, même les plus dédiés.