Critique album | Paolo Nutini – Caustic Love

Paolo Nutini - Caustic Love Paolo Nutini Caustic Love

Après cinq ans d’attente, l’écossais Paolo Nutini est de retour sur disque avec son troisième album, Caustic Love. Un disque déconcertant (pour les bonnes raisons), qui plonge l’auditeur dans une atmosphère sonore hors du commun. Il s’agit d’un disque soul et funk qui prend les meilleurs éléments de ces deux vieux genres et les intègre avec finesse dans une musique qui est bien de son temps.

Lorsque Paolo Nutini est apparu sur nos radars en 2006 à l’âge de 19 ans, il donnait dans la soul commerciale (que l’acteur Zach Braff avait qualifiée à l’époque de « baby-making music »). En 2009, sur Sunny Side Up, Nutini, avec sa vieille âme et sa voix écorchée, prouvait qu’il était plus qu’un beau gosse à la James Blunt et nous proposait une musique aux accents du passé sur des airs swing, ska et dixieland.

Avec Caustic Love, c’est dans les plates-bandes d’Otis Redding, Marvin Gaye et Curtis Mayfield que le jeune homme décide de jouer, et il le fait avec une telle inventivité!  Le premier single, Scream (Funk My Life Up) s’avère être un bonbon pour les oreilles, une pièce qui nous invite à nous déhancher et sur laquelle le chanteur nous démontre à quel point sa formidable voix n’a rien perdu de sa force ni de sa capacité à nous émouvoir.

L’album est parsemé de perles. One Day, avec sa mélodie somptueuse et la voix de Nutini d’une immense vulnérabilité, nous procure des frissons qui défient toute description. Le jeune homme, qui s’est récemment séparé de celle qui partageait sa vie depuis l’adolescence, propose une série de chansons qui sont imprégnées de douleur, mais qui toutefois ont leurs moments lumineux, gardant ainsi le tout léger.

Better Man est un exemple de ce genre de chanson, une douce ballade décontractée, où la guitare électrique dialogue gentiment avec Nutini, sur fond de batterie, basse, orgue et cordes. Des chœurs s’ajoutent à l’ensemble, comme c’est le cas sur la plupart des chansons, et culminent vers une délicieuse finale.

Mais la pièce de résistance de l’album est Iron Sky, une intense chanson dramatique où l’ensemble des éléments vient aider Nutini à porter son cri du cœur pour l’indépendance de l’individu dans une société corrompue et froide. Le chanteur n’a jamais été aussi intense. Un discours de Charlie Chaplin, tiré de The Great Dictator, est intégré au milieu de la chanson, et l’effet ainsi créé est tout à fait réussi.

Parmi les moments moins dramatiques, on a droit à une participation de Janelle Monae sur Fashion, à un possible extrait radio avec la dansante Numpty, et à un rock entraînant aux accents psychédéliques avec Cherry Blossom.

À plusieurs reprises au cours de l’album, Nutini relie ses chansons par des interludes musicaux ou des extraits de chansons soul, l’intention de l’artiste étant de donner à l’auditeur l’impression d’être plongé dans un film, et en ce sens c’est réussi.

Paolo Nutini est l’un des artistes les plus imprévisibles de l’industrie. Encensé récemment encore par Adèle et Roger Daltrey (entre autres), il n’en fait qu’à sa tête, faisant fi des modes, des tendances et surtout des attentes à son égard. Il nous livre ici une œuvre originale, qui se démarque, et qui s’avère être le meilleur disque de sa jeune carrière.

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