Critique Album: Norah Jones – Little Broken Hearts

Déjà entamé sur son quatrième disque The Fall en 2009, le virage de Norah Jones vers une forme de pop douce et raffinée qui prend ses distances avec le jazz stylé de ses premières années prend toute sa saveur sur Little Broken Hearts.

Pas besoin de chercher de midi à quatorze heures pour identifier la source de ce petit je-ne-sais-quoi qui rend les délicates chansons de Norah Jones aussi cool sur ce quatrième disque: Brian Burton, alias Danger Mouse, signe la réalisation et son omniprésence se fait sentir.

Son empreinte est si tangible tout au long de l’album qu’on pourrait presque inclure son nom sur la pochette, aux côtés de celui de Norah Jones. Ce constat est bien normal lorsqu’on réalise que Burton a co-signé chacune des douze chansons de Little Broken Hearts.

Visiblement naturelle, la collaboration a porté fruit: les compositions sont simples, efficaces et l’interprétation l’est toute autant. Les arrangements contribuent davantage à affiner l’esthétique du disque.

Sans avoir la force d’évocation de l’excellent album Rome que Danger Mouse a réalisé l’an dernier avec Danielle Luppi (et auquel participait Norah Jones), Little Broken Hearts porte la griffe musicale de Burton mais regorge également de mélodies vocales marquantes et charmantes, livrées par une Norah Jones décontractée, en plein contrôle de cet univers créé à deux.

La joliesse de Say Goodbye et Out on the Road (qui rappelle un peu son pas de côté folk sur Feels Like Home en 2004) contraste avec les vaguement mystérieuses 4 Broken Hearts, Miriam (qui évoque étrangement Lana Del Rey) et After The Fall (référence à l’album précédent?).

All A Dream vient clore l’album sur une délicieuse note langoureuse, presque blues, qui nous quitte doucement au bout de 6 minutes trente en fondu…

Il sera intéressant de voir Norah Jones à l’oeuvre cet été (le 7 juillet au Festival de Jazz de Montréal, puis le 8 juillet au Bluesfest d’Ottawa) afin de constater ce qu’il restera de cette belle aventure une fois l’habile réalisation de Danger Mouse évacuée.  Si l’on en croit les échos de sa prestation à SXSW en mars, la chanteuse s’est bien appropriée les titres.