Neko Case

Critique album | Neko Case – The Worse Things Get, The Harder I Fight, The Harder I Fight, The More I Love You

Neko Case - The Worse Things Get, The Harder I Fight, The Harder I Fight, The More I Love You Neko Case The Worse Things Get, The Harder I Fight, The Harder I Fight, The More I Love You

La chanteuse américaine Neko Case est de retour avec son sixième album solo, une œuvre solide et émouvante dans laquelle elle laisse parler ses frustrations, ses doutes et ses questionnements profonds à propos de l’identité de genre.

Écrit et enregistré suite à une dépression (causée, entre autres, par le décès de sa grand-mère et celui de ses deux parents), le disque exprime fréquemment un certain malaise de la chanteuse face à sa féminité. Dans la jolie ballade I’m From Nowhere, elle chante : « I was surprised / When you called me a lady / Cause I’m still not sure that that’s what I wanna be ».

Et cette question revient souvent au fil des chansons. Un exemple flagrant est celui de la rockeuse Man, où elle affirme : « I’m a man/ That’s what you raised me to be/ I’m not an identity crisis ». La chanteuse semble s’attaquer fréquemment à ses parents, avec lesquels elle entretenait une relation complexe et trouble. Sa critique envers eux, et la façon dont elle fut élevée est virulente. Le propos de Man est appuyé par le rythme très rapide et la guitare électrique de M. Ward (She & Him) qui prend toute la place, ce qui s’avère très efficace.

Les textes complexes de Case sont empreints d’une grande poésie tout en laissant place régulièrement à un langage cru, voire très salé, mais d’une grande beauté et surtout, très imagé.

Tout au long de sa carrière solo ainsi qu’au sein des New Pornographers, Neko Case n’a jamais cessé de fasciner avec sa voix riche et fascinante, et c’est encore le cas ici. L’artiste explore différentes zones et excelle dans chacune d’elles. Par exemple, lorsqu’elle décide de chanter a cappella le fait vécu d’un petit garçon qui se fait engueuler par sa mère à un arrêt d’autobus à Honolulu (Nearly Midnight, Honolulu), le propos nous rentre dans le ventre et nous offre une bonne dose de frissons, surtout lorsqu’elle rapporte les propos de la mère indigne dans le refrain.

La réalisation de l’album est signée Tucker Martine (qui a réalisé Desire Lines de Camera Obscura, The King is Dead de The Decemberists et Warp and Weft de Laura Veirs, entre autres), et son travail permet de bien mettre à l’avant la voix magnifique de Case, tout en laissant aux  musiciens assez d’espace pour s’exprimer, qu’il s’agisse de la basse ronflante sur Night Still Comes, l’énergique batterie sur City Swans ou les chœurs agrémentés d’écho sur la ballade rétro Local Girl.

Il n’y a pas de moment mort sur ce remarquable album, qui dévoile ses charmes peu à peu à chaque nouvelle écoute. On dit souvent que les meilleures œuvres sont créées dans la douleur, ce qui est le cas ici, et parions que ce disque fera parler de lui encore longtemps.

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