Critique Album: Mes Aieux – À l’aube du printemps
Après avoir flirté avec l’idée de passer à autre chose, Mes Aieux a plutôt opté pour la création d’un sixième album. Intitulée À l’aube du printemps, cette suite à la Ligne Orange fait valoir un groupe moins festif, misant davantage sur ses forces mélodiques que rythmiques, tout en conservant ses sensibilités sociales et ses angoisses envers les travers de la modernité.
Superbe pochette que celle que signe Marianne Chevalier pour À l’aube du printemps. Jolie et à propos. Les oies sur le dessus du boîtier à CD réfèrent à la fois au printemps du titre, au concept de solidarité qui tient le groupe en vie et à la chanson Les Oies sauvages, une délicate hymne à l’espoir.
Ceux à qui l’idée du printemps évoque le plaisir et la frivolité verront sans doute un contraste presque ironique entre le titre du nouveau Mes Aieux et son contenu qui laisse plus songeur et mélancolique que diverti.
Certains éléments qui rendaient les albums précédents si faciles d’approche sont un peu mis de côté: la signature néo-folklorique est moins présente, les airs entraînants se font plus rares, tout comme les textes qui tiraient leur forme du conte (notons tout de même Histoire de peur, au sujet de la xénophobie), alors que l’humour n’est plus aussi dominant qu’auparavant.
Pas lourd pour autant
N’allez pas en croire que Mes Aieux est devenu un groupe lourd. Après tout, Stéphane Archambault et sa bande de multi-instrumentistes ont toujours exploité, dans leur pop adulte, leurs préoccupations sociales et leurs angoisses existentielles, même dans leurs chansons les plus fédératrices.
Mais l’atmosphère n’est plus autant à la fête en écoutant le Mes Aieux de 2012. Cette tendance qui semblait se dessiner d’album en album se confirme et culmine sur ce nouvel album. Le folklore fait place à des moments folk-blues, à de la chanson plus classique qui se contente de clins d’oeil au répertoire folklorique québécois (sur Je Danse avec toi, notamment) plutôt que d’en faire une partie centrale des compositions.
Le Fil, chanson apparemment inspirée de la pièce Tout ça m’assassine de Dominic Champagne, illustre bien cette nouvelle approche. Longue pièce narratrice à la structure progressive, elle plonge l’auditeur dans une réflexion musicale sur un ton peu exploité auparavant par Mes Aieux.
Certains titres viennent tout de même alléger l’écoute: la ludique La Stakose, Au gré du vent qui regorge de soul gospel, l’excellente pièce d’ouverture Viens-t’en et Je Danse avec toi.
Si l’on peut se fier à la courte prestation offerte par le groupe lors du lancement au Théâtre Corona hier soir, certains titres (Au gré du vent, notamment) prendront réellement forme en concert.
Il faudra toutefois attendre à l’automne 2012 pour voir ce nouvel album se transposer sur scène. Mes Aieux entreprendra en septembre prochain une tournée qui s’arrêtera notamment à Montréal le 10 octobre 2012, pour une rentrée montréalaise à la Salle Ludger-Duvernay du Monument National.
- Artiste(s)
- Mes Aieux, Tout ça m'assassine
- Catégorie(s)
- Folk, Pop,
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