Critique album: Lou Reed et Metallica – Lulu
Des riffs de Metallica derrière du « spoken word » de Lou Reed: l’idée avait du potentiel. Le tout inspiré par une paire de pièces de l’auteur expressionniste allemand Frank Wedekind au sujet d’une jeune danseuse abusée et désabusée: pourquoi pas. Toutefois, avec des éléments aussi volatils, on se doutait bien que la recette pouvait aussi tourner au vinaigre, ce qui est malheureusement le cas…
À la première écoute, Lulu a tous les défauts d’une mauvaise blague déguisée en musique d’avant-garde, qui sent l’improvisation à plein nez, le laisser-faire et la paresse camouflés maladroitement derrière un concept mal exploité.
On n’assiste pas à la fusion improbable, mais souhaitée, entre les deux esthétiques qui n’ont en commun que leur aspect glauque. La dichotomie totale qui en résulte, (mal) appuyée par un mixage qui sépare encore plus l’élément vocal du chaos musical, en fait un produit complètement schizophrène, comme si on écoutait deux albums en même temps. Deux albums plutôt décevants, de surcroît…
Parmi tous les talents impliqués, aucun ne se sort la tête de l’eau pour sauver le tout du naufrage. Les deux éléments s’agencent avec autant de coordination que la voix et la musique des inepties de Normand L’Amour. Reed partage d’ailleurs avec celui-ci un air sidérant de sénilité par moments. Triste spectacle.
Les monologues de l’ex-tête forte du Velvet Underground manquent cruellement d’entrain et de dynamisme et sa charmante voix tremblotante de vieux rocker n’est pas utilisée à bon escient. Les musiciens du groupe californien, eux, balancent avec paresse des riffs la plupart du temps sans intérêt ni originalité.
Il y a bien quelques moments plus intéressants: la finale en crescendo de Pumping Blood, l’intermède de Frustration, la jolie introduction mi-symphonique, mi-postrock de Cheat On Me. Sur cette dernière, d’ailleurs, tout se passe bien jusqu’à ce que James Hetfield n’intervienne pour beugler un refrain simpliste, en faussant terriblement.
Les courageux qui donneront une deuxième écoute plus attentive à l’album décerneront des thèmes, comprendront un peu mieux où Lou Reed et Metallica souhaitaient en venir. Ils découvriront également quelques tournures de phrases grossières, voire grotesques, et un semblant de fil narratif inutilement complexifié par une bouillie poétique pas très édifiante.
L’auditeur se retrouve donc à des miles du résultat escompté et aucun discours conceptuel ne peut justifier l’horreur sonore que nous réserve une écoute prolongée de ce disque à éviter.
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