Jill Barber

Critique album: Jill Barber – Mischievous Moon

Jill Barber - Mischievous Moon Jill Barber Mischievous Moon

Avec l’album Mischievous Moon, la chanteuse canadienne Jill Barber poursuit son exploration des sonorités jazz qui lui ont valu succès critique et commercial au cours des dernières années. Alors que Chances respirait la joie, voire une certaine naïveté, reflétant ainsi les sentiments d’une relation amoureuse naissante, Mischievous Moon établit d’entrée de jeu une atmosphère plutôt différente, romantique certes, mais plus fragmentée, voire contradictoire.

En effet, Mischievous Moon est moins uniforme que ses prédécesseurs. L’album étonne par les différentes ambiances qui s’y côtoient, et aucun sentiment d’unité n’arrive réellement à s’en dégager.

La chanteuse, qui a débuté sa carrière en 2002 dans un tout autre genre – le country/folk – possède un grain de voix qui s’adapte à plusieurs types de chansons. Elle est plus en contrôle que jamais de son instrument, plus à l’aise également avec l’image rétro et « jazzy » qu’elle peaufine depuis 2008. Et son groupe s’est solidifié au fil des ans, bonifiant son jeu, multipliant les différents instruments, explorant diverses avenues.

La réalisation du guitariste Les Cooper (qui avait également assurée celle de Chances et de For All Time) réussit à rendre aux chansons la couleur de la grande époque du jazz. Les arrangements de Cooper, de Barber et du violoniste Drew Jurecka, confèrent aux pièces un côté grandiose qui n’a rien à envier aux grandes productions des années 40 et 50.


Dans tous les sens

Malgré cela, on sort de l’écoute de Mischievous Moon avec le sentiment que la chanteuse s’éparpille quelque peu.

D’une part, les pièces feutrées, comme la chanson-titre, évoquent un romantisme classique, de longues soirées en tête à tête à la lueur des chandelles. La douce Daydreamin’, grandement influencée par Glenn Miller, en est un autre exemple.

D’autre part, on retrouve Took Me By Surprise et Any Fool Can Fall In Love, deux compositions enjouées de style bossa-nova (avec The Good Lovelies aux choeurs). Très semblables, autant au niveau de la mélodie que des arrangements, ces pièces contrastent avec le reste.

Quant au premier extrait radiophonique, Tell Me (et sa version française Dis-Moi, qui clôt le disque), il est à la limite du rock, avec sa basse omniprésente et la guitare électrique. Une excellente chanson (sur laquelle on peut entendre la voix du montréalais Peter Elkas), mais dont la sonorité plus contemporaine ne cadre pas vraiment sur l’album. De plus, placer deux versions d’une même chanson sur un disque de 38 minutes est une curieuse idée…

Par contre, il y a aussi quelques bijoux : A Wish Under My Pillow est un classique instantané, une charmante petite chanson intemporelle qui aurait fait un tabac dans les années 40. Et If It Weren’t For Loving You, une élégante ballade romantique à l’européenne, est digne des plus grands classiques du jazz.

Mischievous Moon est un disque d’une grande maturité, fruit d’un travail méticuleux et professionnel évident, et ce par des musiciens passionnés et chevronnés. Cependant, l’homogénéité qui a permis à Chances de devenir un classique fait défaut ici, et on sent que la chanteuse et son groupe ont voulu couvrir un trop grand éventail de styles, ce qui amoindrit l’œuvre.

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