Jane's Addiction

Critique album: Jane’s Addiction – The Great Escape Artist

Jane's Addiction - The Great Escape Artist Jane's Addiction The Great Escape Artist

Huit ans après Strays, Jane’s Addiction effectue un ixième retour en selle qui donne lieu, cette fois-ci, à un nouvel album intitulé The Great Escape Artist. Inégal, ce 4e disque de la mythique formation américaine comporte, à parts égales, de bons titres qui brillent par leur intensité et des chansons plutôt banales. Certainement rien qui nous rapporte aux belles années de Ritual de lo Habitual ou Nothing’s Shocking.

Le leader du groupe, Perry Farrell, répète à qui veut bien l’entendre que le titre de l’album réfère à un désir persistant de fuir le passé, aussi glorieux soit-il, afin d’embrasser le futur. Étrangement, les compositions font très vieux jeu et la production appuie cette impression. S’adjoindre de David Sitek (TV on the Radio) et déléguer la console de son à Rich Costey (Muse, My Chemical Romance, Franz Ferdinand) ajoutent un vernis relativement morderne, mais ne cachent pas l’approche farouchement ancrée dans les années 1990 de Jane’s Addiction.

On ne peut toutefois pas douter des bonnes intentions du groupe, qui déploie une belle énergie afin de donner vie à cette dizaine de compositions sans grande originalité.

L’album débute d’ailleurs en force avec Underground, le premier extrait End to the Lies et la mystérieuse Curiosity Kills (dont les couplets rappellent la menaçante obscurité de Nine Inch Nails). 

Irresistible Force n’est pas sans charme non plus, en dépit des textes un peu ridicules et du ton mélodramatique du refrain qui véhicule pourtant l’idée d’une attirance violente sans frapper avec cette même énergie musicalement.

 

Deuxième moitié superflue, à l’exception d’un titre

C’est toutefois à la 5e piste que l’album s’essouffle: I’ll Hit You Back répond tout à fait aux critères de ce que les Anglais appellent un « filler », une piste de remplissage, une chanson bouche-trou. Twisted Tales tombe carrément dans le cliché pop-rock mou, avec une pause acoustique aux trois quarts de la chanson que même U2 aurait trouvée trop facile.

La ballade Splash A Little Water on It aurait pu se dénicher une place sur un vieil album de Guns’N’Roses, alors que Ultimate Reason tente de se démarquer avec des effets électroniques et un rythme martelé qui paraissent d’une autre époque.

L’album reprend du poil de la bête pour les 2 dernières pistes: Broken People, qui propose un constat sur la difficulté à venir en aide à certains types de gens abonnés au trouble sur un canevas musical beaucoup trop appuyé, et l’entraînante Words Right Out Of My Mouth qui affiche une ardeur comparable aux meilleurs titres des Foo Fighters.

Évidemment, les solos de guitare de Dave Navarro sont tout juste assez nombreux et bien dosés, les riffs souvent mordants (Words Right Out Of My Mouth) et Stephen Perkins sait encore bien battre la cadence en amalgamant puissance et textures. La voix de Perry Farrell n’a plus exactement la puissance de jadis, mais le maître de cérémonie a su s’ajuster afin de s’en servir convenablement, à l’intérieur de ses limites.

Heureusement, l’époque où l’on devait acheter un disque entier pour avoir droit à 4 ou 5 bonnes chansons est révolue. Si vous êtes fans de Jane’s Addiction ou tout simplement curieux, procurez-vous Underground, End to the Lies, Curiosity Kills, Irresistible Force et Words Right Out of My Mouth à la pièce, et intégrez-les à votre liste aléatoire sur votre iPod. Vous ne raterez rien d’intéressant.

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