Critique Album | Jamie XX – In Colour (pièce par pièce)

Tsilumos Ensemble - In Colour Tsilumos Ensemble In Colour

Jeune Londonien de 26 ans, pièce la plus importante du collectif nommé The XX, producteur pour plusieurs artistes du circuit mainstream, DJ, musiciens, compositeur et artiste complet… C’est Jamie Smith, qui revient en force cette semaine avec un premier album en formule solo. Et n’ayez crainte, les délicieuses voix d’Oliver et de Romy (paroliers de la formation The XX) reviennent à de nombreuses reprises dans l’album. 

L’album en soi s’écoute de A à Z, sans avoir à appuyer sur un changement de chanson. Si vous avez précédemment écouté The XX, vous reconnaitrez l’homogénéité du produit final. Cependant, avec cet album solo, Jamie délaisse le côté  »chambre à coucher » pour faire voyager l’auditeur dans plusieurs univers.

On connait le talent du jeune homme, et on connait sa grande passion pour l’échantillonnage. Dans In Colours, il est facile de constater de Smith adore utiliser des voix en arrière-plan, des sons et des ambiances qui ne sont pas toujours musicaux.

 

1. Gosh

L’oeuvre s’ouvre sur l’incroyable chanson Gosh, préalablement utilisée comme single de l’album. Dans ce morceaux, on retrouve le côté musical  »garage » que le musicien mentionne lui-même comme étant l’un des styles l’ayant le plus influencé. Entre coups de basse et dose de fréquences vibrantes, on retrouve des percussions syncopées et fragmentées de manière à créer un groove dansant. La pièce qui semblait totalement froide et intense au début se termine par une montée de synthétiseurs qui vient mettre la table sur le côté réconfortant de l’album en général.


2. Sleep Sound

Ceux qui ont déjà vu la production vidéo du morceau Sleep Sound seront ravis de savoir que la pièce figure sur l’album. Dans le vidéoclip, on peut se laisser emporter dans une performance de danse avec des gens atteints de surdité.

Sur cette deuxième pièce, on délaisse le côté de basse et de rapidité rythmique pour se consacrer aux  jeux de synthétiseurs emportants et réconfortants. Que ce soit avec la ligne de basse qui se colle en subtilité avec les voix en arrière-plan, ou avec la mélodie qui s’imbrique parfaitement avec les accords, cette pièce relève du petit côté The XX.

Comme une trame sonore pour accompagner des marches nocturnes, c’est introspectif, c’est frais, mais on ne tombe pas dans le côté trop expérimental. Au niveau des percussions, Jamie continue de progresser dans la même veine que dans la première chanson, on sent encore une fois la grande influence du style garage.

 

3. Seesaw (Avec Romy Madley Croft et Four Tet)

Si vous suivez un peu la musique électronique londonienne, vous connaissez sans doute le producteur anglais Four Tet. Au début de 2014, lors d’un spécial radiophonique consacré au label Young Turks (étiquette de Jamie XX), cette instrumentale des plus envoûtante et relaxante a été diffusée pour une première fois pour les oreilles de tous. Depuis ce temps, Four Tet et Jamie l’ont jouée à plusieurs reprises au courant de DJ sets. À cette période, la chanson n’avait pas encore de voix et de paroles, ce n’était que l’instrumental créée en collaboration entre Jamie XX et Four Tet qui nous transportait avec la mélodie subtile et les percussions aux sonorités limite saturées.

Pour son album, Jamie a jugé bon de reprendre cette instrumentale, mais d’inviter la chanteuse du groupe The XX. Romy Madley Croft apparait donc pour une première fois sur l’oeuvre lors de cette troisième chanson. On retrouve encore une fois la même instrumentation que dans la version instrumentale. La voix de la chanteuse est utilisée comme élément musical et reste très vaporeuse. Il vous faudra être très attentif pour bien cerner chacune des paroles.

Sur cette pièce, on délaisse les percussions agressives et on y va avec des kicks et des snares qui sonnent vieillots.

 

4. OBVS

On connait la grande passion de Jamie pour la danse. Il dit qu’il est important de ne pas sous-estimer la musique  »pop et danse » et que  »la danse est l’une des choses qui le rendent joyeux ». On retrouve sur cette chanson des sonorités estivales et une fraicheur que l’on avait pas encore constatée avec les trois premiers morceaux de l’album.

C’est sur une ligne mélodique assez  »pop » et accrocheuse que la chanson s’ouvre. Puis par la suite, divers éléments viennent s’ajouter pour donner une instrumentation parfaite et digne des randonnées en bicyclette en pleine après-midi d’été. Les éléments rythmiques s’imbriquent en même temps que la ligne de basse pour ajouter une profondeur aux morceaux, pour finalement conclure avec la totale, c’est-à-dire, une guitare, des harmoniques et un sound design incroyablement méticuleux de la part de l’artiste.

On reconnait une voix en arrière-plan aussi, cependant, aucun nom de chanteur ne figure sur l’album.

 

5. Just Saying

Cette transition sert de pont entre la fraîcheur de OBVS et la noirceur de Stranger In a Room. On retrouve plusieurs expérimentations de synthétiseurs et les percussions sont quasi-inexistantes. Cependant, on discerne une petite voix qui apparait à quelques moments dans la courte minute et demie que dure la pièce.

 

6. Stranger In a Room (Avec Oliver Simm)

Cette chanson s’ouvre sur une introduction de synthétiseur jouée en arpège pour donner l’ambiance sombre. Après quelques mesures, on entend enfin la voix d’Oliver Sim (chanteur du groupe The XX). Encore une fois, les paroles ont quelques chose de très sombre, comme on avait l’habitude d’entendre sur les albums de la formation. Cependant, Oliver a toujours eu le mérite d’être très clair sur ces propos même s’il les incorporait à une poésie lyrique.

Dans Stranger In a Room, on saisit clairement le message que veut passer le parolier. Ceux et celles qui sont déjà aller dans un rave ou dans un concert en solo se sentiront visés. Olivier évoque la solitude de l’être même quand celui-ci est entouré de plusieurs autres individus.

Au niveau musical, Jamie se mérite l’or pour cette création. Même si tout tient sur la ligne de synthétiseur présente dès les premières notes, on retrouve quelques notes de guitare et plusieurs variantes sur la ligne mélodique. Le tout, encore une fois accompagné de la ténébreuse voix du chanteur.

 

7. Hold Tight

On continue notre écoute en restant dans l’univers froid et le manque de réconfort. Hold Tight prend place sur des accords de synthétiseur viscéral, autant puissant sur les basses que les hautes. On entend une petit voix en arrière-plan, qui ressemble à un murmure lointain d’une dame (on pourrait croire).

Quelques instants plus tard, le groove embarque avec l’apparition soudaine de percussions spatiales. Les coups de cymbales sont utilisés pour donner une référence rythmique plus que pour être en premier plan. Les accords de synthétiseurs deviennent soudainement saturés.

Encore une fois, on retrouve le petit côté « fier Londonien » lorsqu’un échantillon vieillot mentionne la ville de Londres. Ensuite, tous les éléments qui semblaient être disparates prennent place sur des coups de bassdrums.

La chanson meurt sur un bruit de ville.

 

8. Loud Places (Avec Romy Madley Croft)

Accompagné pour une deuxième fois de Romy, Loud Places a été le premier single utilisé par Jamie pour faire la promotion de son album. C’est sans aucun doute la plus pop de son oeuvre complète. Si lors de Seesaw la voix de Romy était en arrière-plan, c’est tout à fait le contraire pour cette pièce.

On retrouve un groove bien présent, les percussions sont en premier plan et les principaux éléments mélodiques de la chanson y sont aussi. On retrouve une dose d’espoir dans les paroles et dans l’ambiance qui se dégage de la pièce.

 

9. I Know There’s Gonna Be Good Times (Avec Young Thug et Popcaan)

Quelques semaines avant la parution de l’album, Jamie XX a été pointé du doigt pour avoir fait l’utilisation non-légale d’une chanson du groupe The Persuasions. Tout est finalement rentré dans l’ordre.

Sur ce morceaux, on retrouve bien sûr l’échantillon du groupe The Persuasions, mais également l’incroyable talent du rappeur Young Thug et la voix de Popcaan. Cette chanson est la fraicheur incarnée, plusieurs sites et blogues l’ont même déjà déclarée comme « Chanson de l’été ».

Entre les paroles joyeuses et les percussions syncopées, une ambiance de joie et de festivité se dégage de cette création. Par moments, on pourrait même croire que la chanson prend une allure de musique reggaeton. Jamie a lui-même mentionné que cette chanson avait été créée lorsqu’il était du côté de New York et qu’une idée de collaboration avec les deux rappeurs lui est venue en tête lorsqu’il conduisait au coeur de Manhattan.

Une dose de joie de près de quatre minutes.

 

10. The Rest Is Noise

On replonge pour cette avant-dernière chanson dans un univers propre à monsieur Smith, c’est-à-dire un côté électronique. Cependant, cette composition arbore rapidement une allure très cinématographique. Même si elle vous fera taper du pied, cette chanson n’est pas la plus propice à être jouée sur une piste de danse.

On retrouve des harmonies vocales en arrière-plan, puis une mélodie aux sonorités 8-Bit qui vient prendre place à travers un riff de piano aigu.

La pièce se termine sur quelques mesure de percussions bien présentes et lourdes.

 

11. Girl

Cette dernière chanson de l’album commence sur une voix disant  »The Most Beautiful Girl… ». Jamie XX a été en couple trois ans avec une demoiselle avant de se retrouver célibataire. On y ressent l’effet d’une peine d’amour et une soif de création émotive, mais bon, la chanson au tempo assez lent ne laissera personne indifférent.

On retrouve un échantillon de la chanson I.O.U.  du groupe londonien Freeez utilisé comme refrain de la chanson. Outre ceci, Girl possède une mesure de basse des plus accrochante. Plusieurs éléments rythmiques prennent place tout au long de la chanson pour donner un résultat final peaufiné.

La mélodie est assurée par un son ressemblant à une guitare et  le bass drum est très subtile mais possède une bonne dose de basse pour faire taper du pied. Pour cette dernière, Jamie y va dans une subtilité de plusieurs éléments sonores, pour donner une pièce finale riche en influences.

En général, In Colour, est un must pour tous les fans de The XX : on y retrouve le côté « dancefloor » qui était largement présent sur leur album Coexist. À travers les sonorités futuristes, on ne se perd pas, car l’artiste en profite pour bien prendre ses influences qui n’ont rien d’électronique, et de les incorporer à ses créations.

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