Grand Corps Malade

Critique album | Grand Corps Malade – Funambule

Grand Corps Malade - Funambule Grand Corps Malade Funambule

Après trois ans d’absence, le Français à la voix singulière confirme une fois de plus qu’il est un magicien de mots. Funambule, quatrième album de Grand Corps Malade, est sans contredit son meilleur opus en carrière.

Le funambule à béquille déclame les mots et propulse la langue de Molière vers des sommets. Son art poétique est simple mais loin d’être simpliste. Il joue sur le fil des mots dans tous les sens. De son vrai nom Fabien Marsaud, Grand Corps Malade évoque des sujets tels que la paternité et l’enfance. Le titre Le Manège est d’ailleurs dédié à son fils.

Parfois doux, lyriques, attendrissants, parfois choquants, dramatiques et durs, ses textes sont une prouesse d’écriture. Les mots claquent, la musique aussi.

Le trompettiste et pianiste Ibrahim Maalouf signe l’ingénieuse réalisation de l’album. Nommé Artiste de l’Année aux Victoires du Jazz cette année, Maalouf insuffle un vent nouveau à l’artiste. Les textes sont habités par une musique imagée ; Maalouf s’accorde parfaitement à la poésie du slameur à la voix captivante. Il mise sur une orientation polyphonique et davantage cinématographique. Une bande originale qui traduit les mots en musique, en images.

Grand Corps Malade fait appel à des collaborations pour le moins surprenante. Le duo avec la chanteuse et comédienne Sandra Nkaké, Te Manquer, est d’une beauté infinie. Les deux timbres de voix particuliers sont en cohésion. Une belle rencontre.

Francis Cabrel collabore sur le morceau La Traversée. Deux univers différents mais étonnamment compatibles. Tandis que Le bout du tunnel décrit l’univers carcéral vécu par un ancien détenu. Laurent Jacqua a purgé une peine de 25 ans pour homicide lors d’une confrontation avec des skinheads. L’écriture l’a aidé à se sortir de sa torpeur.

Des mots habiles, des émotions tangibles. Les variations entrechoquent les sens. Funambule est une traversée aux couleurs pop avec davantage de mélodies que ce qu’il nous avait offert jusqu’à présent. De belles retrouvailles.

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