Critique album | Gary Clark Jr. – Blak And Blu
Omniprésent depuis quelques années dans la presse musicale et dans les magazines pour guitaristes, Gary Clark Jr. est enseveli d’éloges. Son maniement de la 6 cordes est, paraît-il, à faire pleurer les habitants de l’Olympe. Il doit faire quelque chose d’incroyable en spectacle qu’il n’a pas fait sur son premier album, Blak And Blu, parce qu’à se fier strictement à celui-ci, l’homme paraît surestimé.
Gary a joué à la Maison Blanche accompagné par Mick Jagger, Jeff Beck et Buddy Guy. Gary est pote avec Eric Clapton, et a d’ailleurs participé au festival Crossroads organisé par Clapton lui-même. Gary est admiré par Jimmy Vaughan. Gary est un futur guitar hero, selon, entre autres, Rolling Stone. Gary est le roi des festivals de cet été, selon Spin.
En quel honneur ? Aucune idée. Parce que le gars ne fait rien qui n’écartèle de stupéfaction et d’admiration les yeux de l’auditeur. En fait Blak And Blu est un bon album (quoiqu’un peu épars, comme expliqué plus loin), mais en est probablement un bien meilleur à l’oreille de celui qui n’a jamais entendu la musique des Black Keys. Et ces oreilles-là sont bien rares.
La voix de Clark est invraisemblablement semblable à celle de Dan Auerbach, avec en prime le même effet de distorsion souvent utilisé par ce dernier. Écoutez Bright Lights et imaginez vous que c’est une pièce cachée de Brothers des Black Keys, vous verrez, l’illusion est entière.
Mais le plus décevant vient surtout du fait qu’on semble faire de Clark une nouvelle idole du manche. Si l’ami est effectivement digne du culte, il ne le montre sur aucune des 13 pistes de Blak and Blu. Il joue très bien, certes, mais de là à l’idolâtrer, absolument pas. Il n’y a pas que les solos qui comptent dans l’arsenal d’un musicien, même que parfois des solos, c’est un peu de la poudre aux yeux, mais dans son jeu il n’y a pas plus de technique novatrice, que d’approche nouvelle, que de vitesse, que de soul ou que de solos mémorables.
En fait, les trois dernières minutes de When My Train Pulls In sont consacrées à un solo. Desquelles un total de zéro secondes hérissent le poil. Il y a bien un bout de scratch dans Third Stone From The Sun/If You Like Me Like You Say, mais un certain Tom Morello a compris qu’on pouvait se la jouer DJ avec une guitare il y a déjà une pas pire lurette de cela.
On ne peut dire qu’il n’y a pas de bons coups sur l’album (même si Bright Lights est un peu pastiche, ça reste une bonne chanson et Next Door Neighbor Blues est excellente) mais entre ces bons titres, on se perd. You Saved Me pourrait être le fruit d’une collaboration entre Omarion et le guitariste de Linkin Park tandis que la tentative de hip hop de The Life ressemble à ce que ferait Gym Class Heroes si Travie McCoy savait chanter.
Un disque très décevant lorsque pris en compte la réputation qui précède Clark et son premier EP, The Bright Lights EP, qui semblait laisser présager mieux.
- Artiste(s)
- Buddy Guy, Eric Clapton, Gary Clark Jr., Gym Class Heroes, Jeff Beck, Linkin Park, The Black Keys, Travie McCoy
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