Critique album: Foo Fighters – Wasting Light
Les Foo Fighters ressurgissent comme des demi-dieux avec Wasting Light, un 7e album susceptible de « sauver le rock », selon certains optimistes. Sans satisfaire cette grossière mission, ce nouveau disque est d’une efficacité redoutable, à défaut de faire preuve d’une grande originalité. Son contenu fédérateur devrait suffire à ramener Grohl et sa bande au sommet des palmarès et aux devants de la file des groupes rock de l’heure, et avec raison.
D’emblée, Burning Bridge laisse peu de temps aux tympans pour se dilater. Un violent roulement de batterie, un riff de guitare abrasif et Dave Grohl qui gueule « These are my famous last words ». L’auditeur en prend plein la gueule dès les 20 premières secondes, avant que ne survienne un refrain à la Queens of the Stone Age. Début prometteur.
Parlant de QOTSA, le parallèle (récurrent, d’ailleurs) prend une toute autre dimension avec la tapageuse White Limo qui semble calquée sur les pièces criardes de Nick Oliveri sur Rated R et Songs for the Deaf. Sans doute le plus explosif des titres du catalogue des Foo Fighters.
L’autre fait saillant de Wasting Light est sans contredit la ballade écorchée I Should Have Known, sur laquelle l’ex-bassiste de Nirvana (et donc ancien collègue de Dave Grohl) Krist Novoselic agit à titre de bassiste invité. Présence symbolique étant donné les paroles de Grohl qui semblent clairement adressées au défunt roi du grunge Kurt Cobain.
Plus posée, cette dernière remplit un rôle essentiel au milieu de titres presque tous uptempo et construits sur mesure pour les amphithéâtre et les gros amplis.
Créer du rock d’aréna dans un garage
Une chose est sure: le dynamisme est au rendez-vous, l’énergie bat son plein et la production tient en équilibre entre rock grandiose savamment calculé et grunge farouchement interprété. Pas surprenant: rappelons que c’est à Butch Vig (Nirvana, Garbage, Sonic Youth) que l’on a confié le soin d’enregistrer cet album… dans le garage de Dave Grohl!
Cette justesse esthétique apporte beaucoup à Wasting Light, qui mérite davantage une écoute à haut volume qu’une analyse exhaustive.
Mais même dans cet état d’esprit, le manque de créativité dans la composition de certains titres, dont These Days, Matter of Time, Miss the Misery et Dear Rosemary (sur laquelle Bob Mould a pourtant prêté main forte au groupe), laissent une impression de remplissage difficile à ignorer.
Alors oublions le chef d’oeuvre… Un bon album rock bruyant à souhait? Aucun doute.
Mais en respectant de si près les codes du rock grand public, les Foo Fighters ne se sont pas laissés suffisamment d’espace créatif pour livrer cette oeuvre marquante que l’on attendait. Ce qui ne signifie pas pour autant que l’amateur de musique mordante et entraînante ait quelque raison que ce soit de bouder son plaisir, bien au contraire.
- Artiste(s)
- Foo Fighters
- Catégorie(s)
- Rock,
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