Critique album | Fontarabie – Fontarabie

Fontarabie - Fontarabie Fontarabie Fontarabie

Il y a dix jours, personne n’avait entendu cet étrange mot. Puis, en vingt-quatre heures, il était sur toutes les lèvres, la semaine dernière. Julien Mineau is back, et Fontarabie a de la gueule. Et pas rien qu’un peu…

Le leader-chanteur-parolier de Malajube a enregistré ce petit bijou dans le secret et en toute intimité dans sa maison de Sainte-Ursule, avec Simon Trottier (arrangeur extraordinaire des chansons de Timber Timbre), sa copine Virginie Parr (voix et flûte traversière), Patrick Lavoie, Benoît Rocheleau et Julie Fontaine. Ça a pris des mois, processus créatif oblige, puis c’est sorti comme une petite bombe dans les médias québécois.

Oubliez le rock mordant et semi-prog de Malajube : on est ici dans la chanson orchestrale, étrange, lente, hantée, alambiquée.

On dit « chanson », mais c’est aussi des compositions instrumentales. En fait, c’est un son, que plusieurs comparent d’ailleurs au monde gothico-merveilleux de Tim Burton (et de son compositeur fétiche, Danny Elfman).  C’est pas fou comme comparaison : tout comme Burton, Mineau semble embrasser l’étrangeté, le fantômatique. Il l’explore, s’en sert pour créer des chansons aux détours surprenants.

C’est surtout au niveau des sonorités que ça se rapproche du cauchemardesque. Pour les trippeux d’instruments inusités, il y a tout un monde à explorer sur Fontarabie : l’instrumentation s’appuie beaucoup sur l’usage du célesta, notamment, un genre de piano au son très clair, souvent associé à l’univers de Tchaikovsky. On y trouve aussi du wurlitzer 140B, de l’harmonium, du theremine, du mellotron et du marxophone, un genre de cithare à clavier.

On se fait bombarder comme ça de sonorités inhabituelles, avec des mélodies à l’avenant : on est dans les accords tordus, les dissonances, les enchaînements de notes qui renforcent l’impression halloweenesque de l’album.

En fait, c’est surtout à la première écoute qu’on est saisi d’une impression de totale nouveauté.  Au fil des écoutes, on reconnaît quand même le type de compositions de Mineau, juste apprêtée différemment, et on sent qu’il s’est mis au défi de suivre son instinct sans se préoccuper du cadre malajubien.

C’est du Julien Mineau, au fond, mais très créatif et libéré de certaines contraintes. À mi-chemin entre du réfléchi et du viscéral. Et ça sent la fraîcheur à plein nez.

Pour l’instant, l’album est disponible en format numérique au fontarabie.bandcamp.com ou ci-bas. Version physique le 10 juin.

En concert le 15 juin au Théâtre Maisonneuve dans le cadre des Francofolies de Montréal.

Vos commentaires