Critique album | Flying Lotus – Until The Quiet Comes
Pour plusieurs, la musique électronique est synonyme de « divertissement dansant ». Mais les fans de Flying Lotus comprennent bien que le fait de synthétiser la musique ouvre toutes grandes les opportunités d’exploration artistique. Quatrième album du producteur et DJ californien, Until The Quiet Comes poursuit ce cycle de prospection musicale de façon admirable, quoique exigeante.
À l’instar de son grand oncle John Coltrane, la musique n’est pas que mélodies sur rythmes pour Steve Ellison. Plus souvent qu’autrement, la formule de Flying Lotus se résume plutôt à dissonances sur textures.
Bien que les éléments de jazz soient réapprêtés à la sauce post-dub et que l’album paraisse d’emblée beaucoup plus électro que jazz, l’esprit « free » est un peu le même, simplement modernisé par l’apport de synthétiseurs, d’échantillonnages et de percussions distordues. Un travail de studio que Coltrane et ses contemporains n’auraient jamais pensé possible.
À la fois disciple et influence de Radiohead, Flying Lotus peut compter sur la participation vocale de Thom Yorke sur Electric Candyman, ainsi que sur l’apport musical de Johnny Greenwood sur Hunger (sur laquelle Niki Randa prête sa voix). Le bassiste Thundercat participe également à l’album, un apport à ne pas négliger, même s’il donne dans la subtilité et la retenue.
D’autres collaborations vocales (féminines) ajoutent de la couleur à Until The Quiet Comes: le chant d’Erykah Badu est savamment déconstruit sur See Thru to U, alors que Laura Darlington (épouse de Daedelus) chante sur Phantasm. Le traitement de ces voix de femmes en studio a toujours été l’un des points forts de Flying Lotus: il transforme leur suavité et en fait ressortir une sorte d’étrangeté fantomatique qui sied parfaitement à l’univers sonore de Ellison.
La production de Until The Quiet Comes est ambitieuse, stylisée et singulière. Les ambiances respectent une tangente sombre mais les compositions respirent, même si elles étourdissent en s’inspirant davantage de la logique du rêve que de la réalité, il semble.
Moins dense que son prédécesseur Cosmogramma (2010), l’écoute de ce nouvel album nécessite tout de même un certain état d’esprit, voire même l’envie d’un certain travail intellectuel pour en apprécier l’approche inusitée. Les adeptes de Flying Lotus en ont l’habitude de toute façon. Et ils savent très bien que l’effort en vaudra la chandelle.
À écouter:
Electric Candyman (avec Thom Yorke)
See Thru To U (avec Erykah Badu)
DMT Song
All In
Heave(n)
- Artiste(s)
- Flying Lotus
- Catégorie(s)
- Electro,
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