Critique album: Feist – Metals
On n’entre pas facilement dans l’univers de Feist. Et ceci s’avère d’autant plus vrai avec le 5e et plus récent album de la chanteuse canadienne, intitulé Metals. Celui-ci est une collection de chansons aux thèmes oscillant entre le glauque et l’espoir, la vie et la mort. La musique y est d’une douceur incroyable tout en étant très opaque, difficile d’approche.
Il y a plusieurs niveaux à ce disque, qui demandent de nombreuses écoutes pour en percer tous les mystères. Et la beauté des pièces peut parfois être trompeuse, comme sur la première, The Bad in Each Other, sur laquelle Feist nous propose une mélodie des plus inspirantes, un refrain qui donne envie de se lever et d’embrasser tout le monde, alors que les paroles font état d’un couple dysfonctionnel sans espoir.
Il y a une tristesse et une certaine amertume qui flottent au-dessus des chansons, par exemple dans Graveyard, une complainte touchante demandant à ce qu’on ramène à la vie les morts enterrés dans un cimetière.
Douceur absolue
La voix de Feist, tout au long du disque, reflète la fragilité et la sensibilité de la chanteuse. Les pièces sont généralement douces, lentes, menées par la guitare et la batterie. Feist s’est entourée pour ce projet de ses acolytes Chilly Gonzales et Mocky, qui avaient participé au précédent disque, le succès The Reminder. Cependant, si vous cherchez un succès de la trempe de 1234, passez votre tour. Il n’y a rien d’aussi coloré sur Metals.
Comme la magnifique pochette le laisse présager, nous sommes ici dans le domaine de la grisaille, des thèmes terrestres, du vent et des arbres (Caught a Long Wind, Cicadas and Gulls).
Feist fait appel ici et là à différents types de voix, comme un chœur d’enfants dans la susmentionnée Graveyard, ainsi que des voix d’hommes très saccadées et dynamiques sur A Commotion. Celle-ci est marquée par un rythme qui rappelle une locomotive en marche, la batterie et les violons faisant avancer la mélodie grâce à un staccato soutenu.
L’un des textes les plus positifs – et l’une des plus belles chansons de l’album – est The Circle Married The Line. La performance vocale de Feist est tout à fait superbe et la chanson offre un contrepoint à l’ambiance plutôt triste qui émane du disque.
Réalisation sobre
Tout au long de l’album, les chansons respirent. La production est minimaliste, laissant la place à la batterie (dont le jeu est des plus simples et ne sert parfois qu’à marquer le temps sans aucun autre artifice, comme sur Anti-Pioneer) ainsi qu’à la guitare, dont se dégagent beaucoup d’émotions (Get It Wrong, Get It Right). Un orchestre vient parfois soutenir les chansons, mais le tout est fait avec beaucoup de classe, de parcimonie et de sensibilité.
Gageons que Metals trouvera sa place dans le haut des palmarès des critiques à la fin de l’année. Il s’agit d’un disque magnifique, d’une œuvre d’art qui se déguste lentement, qui se laisse apprivoiser après plusieurs écoutes et qui saura très certainement trouver sa place auprès de bien des mélomanes.
On n’entre pas facilement dans l’univers de Feist, mais lorsqu’on y arrive, on en ressort transformé. Ce disque est assurément l’une des plus belles œuvres musicales de 2011.
* Rappelons que Feist sera de passage au Métropolis, à Montréal, le 3 décembre prochain, ainsi qu’à la Salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec, le 6 décembre.
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