Danny Brown

Critique album | Danny Brown – Old

Danny Brown - Old Danny Brown Old

Danny Brown, probablement la figure la plus marquante à débarquer dans l’univers hip hop l’an dernier, récidive avec Old, un disque plus posé que son premier, XXX. Du moins, en partie. Ce qu’on retient de Old, au fond, c’est qu’il y a deux Danny Brown.

C’est un peu la mode pour les artistes ces temps-ci, d’avoir un alter ego. Eminem/Slim Shady, Beyonce/Sasha Fierce, Anik Jean/Peu-importe-le-nom-de-son-personnage-schizophrène-qui-insulte-des-journalistes.

Mais Danny Brown, lui, n’a pas besoin d’un deuxième sobriquet pour exprimer la dualité à laquelle il se frotte.

Sous le même nom il présente donc, sur Old, des chansons super introspectives, sur lesquelles il rappe d’une voix monotone mais emplie d’émotion à propos des problèmes qui régissent son existence, pour ensuite passer à sa voix de criard et gueuler à propos de sexe et de drogues dures sur des productions d’influence trap.

Une moitié de l’album est sérieuse, quasiment triste, l’autre moitié se veut pur divertissement.

Et quand on dit « moitié », c’est littéralement le cas. L’album est scindé en deux, une partie débutant avec Side A (Old) l’autre commençant à partir de Side B (Dope Song).

Ça peut déplaire à certains, évidemment. Brown a bâti sa réputation sur une musiqe prônant la consommation excessive de MDMA, il est donc envisageable que ses fans s’accrochent à cette image d’éternel fêtard et ne souhaitent pas entendre le rappeur rechigner sur fond de musique déprimante.

Et force est d’admettre que musicalement parlant, c’est le Side B du disque, celui dominé par des titres comme Dip (dédié à la passion de la « molly », une forme pure de MDMA) ou Kush Koma avec A$AP Rocky, qui est le plus intéressant.

Mais ça n’enlève rien à la force de la première moitié. À vrai dire, de jouer les deux cartes, et de séparer le côté émotif du côté tête folle, est probablement le meilleur coup de Brown. Ça frôle le génie.

Voici pourquoi. Ça permet à l’auditeur de s’immiscer au cœur de la vie contradictoire et « pathétique » d’une personne vivant avec un problème de dépendance. On écoute un homme nous dire à quel point il se sent seul, et il en arrache, et il voudrait faire mieux, qui se transforme tranquillement en gars qui se fout de tout sauf de prendre de la dope et de coucher avec des inconnues.

On entend véritablement Brown passer de lucide, désireux de s’améliorer et sobre à irréfléchit et possiblement défoncé.

Mais passons outre l’analyse psychologique.

Écoutez plutôt la géniale 25 Bucks, en collaboration avec Purity Ring, Smokin & Drinkin, produite par A-Trak, et Dip. Puis écouter Clean Up et Lonely, pour bien comprendre ce qui a été dit plus haut.

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