Critique album | Champion – °1
C’est les yeux (et les oreilles) tout écarquillés qu’on s’embarque dans la nouvelle aventure que propose Maxime Morin, alias Champion. Lancé cette semaine, °1 est un album incroyable appartenant à une galaxie bien lointaine de celle qu’habitait jadis l’artiste. De quoi faire taire ceux qui ne croient pas en la réincarnation.
Mais de quoi faire jaser en masse les fans finis du DJ.
Parenthèse: il est gênant, après l’écoute de °1, d’encore étiqueter Champion en tant que DJ. « Chef d’orchestre » semble lui seoir désormais autrement mieux.
Mais, donc, de quoi faire jaser les amateurs de la première heure. Parce que pratiquement rien sur cet album ne serait associable à Monsieur Champion si ce n’était que son nom figure dans les crédits. Des pulsations électro-rock de ses œuvres précédentes ne restent que peu, et s’ajoute au décor auditif une omniprésence symphonique.
Champion philharmonique
Grand piano, cuivres et immense section de cordes (on comprend mieux le nom des G-Strings, maintenant), voilà les trois ingrédients principaux de ce nouvel opus.
Et l’on se rend compte assez rapidement qu’on se lance dans quelque chose qu’on ne soupçonnait pas. Dès la première pièce, au titre évocateur de 40 #@%&!, l’artiste installe l’ambiance. Pas de beat aucun, seulement une trame qui semble sortie d’une bande sonore de film.
Ça se poursuit avec la surprenante Requiem Dem, autre titre d’influence classique sur lequel le chanteur « officiel » de Champion, Pilou, vient poser son soul.
Puis arrive Every New Now, avec un rap (peut-être son meilleur) de Fab, figure de proue de Random Recipe.
Sans jamais déroger de la voie symphonique, Champion réussit à créer un paquet d’atmosphères tout aussi surprenantes les unes que les autres.
Champion bluesman
C’est à ce moment que se pointent les quatre derniers titres, qui font presque office de pièces cachées tellement on ne les voit pas venir. Bluesés à fond, intentionnément mal produits, rappelant étrangement ce que Leloup peut faire par moments d’intoxication profonde.
Peut-être sont-ce mêmes ces quatre chansons qui ont le plus grand impact.
Tout ceci étant dit, c’est le genre de revirement que l’auditeur aimera ou n’aimera vraiment vraiment pas, vu à quel point le nouveau son domine l’entièreté du disque. Si tu ne veux rien savoir de ce Champion nouvelle mouture, tu ne trouveras probablement rien qui te plaise là-dedans.
MAIS, si tu te laisses emporter dans cette nouvelle voie, mon gars, tu vas aimer ça.
Pour entamer l’écoute tout en douceur, mieux vaut débuter par Half A Mile, qui ne brouille pas tous les repères du premier coup.
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