Critique album: Catherine Ringer – Ring n’roll
Lorsque le décès soudain de Frédéric Chichin mit fin au duo Les Rita Mitsouko en novembre 2007, l’avenir de la veuve Catherine Ringer était déjà dessiné: une carrière solo allait naître, dans les traces de la paire. Il ne restait qu’à savoir avec quelle force la dame quinquagénaire allait frapper. Quoi que légèrement disparate, Ring n’Roll, premier album solo en carrière, prouve hors de tout doute qu’il y aura bien une vie inspirée après les Rita Mitsouko pour Catherine Ringer.
Le spectre du deuil est vite évacué: dès la première chanson, Vive l’amour, Catherine Ringer fait référence à son défunt compagnon avec un air hop-la-vie déconcertant. Balade légère avec un rythme sautillant, on devine tout de suite que le premier album post-Rita ne sera pas accablant, loin de là.
Quelques autres titres porteront cette légèreté étonnante: Zbar (la plus rock’n’roll du lot), Yalala et la bilingue How Do You Tu.
Même la balade Pardon, la plus tristounette de l’album, semble lumineuse. Le seul moment de chagrin que l’on puisse reconnaître sur cet opus de 12 chansons, c’est lors de la langoureuse Mahler, où Catherine Ringer fait usage d’un extrait de la Symphonie #5 de Gustav Mahler comme trame pour coucher un texte bouleversant tant par son contenu que par sa livraison lyrique.
Des invités de marque
Bénéficiant d’une réputation enviable à l’internationale, Catherine Ringer a profité de ses contacts pour s’entourer d’une troupe inspirante. La collaboration la moins surprenante du lot est sans doute la présence de Raoul Chichin (le fils de Frédéric) à la guitare.
Pour le reste, Mark Plati – reconnu pour son travail aux côtés de David Bowie dans les années 1990 – y met du sien sur plusieurs titres et John Frusciante (de Red Hot Chili Peppers) fait résonner sa guitare sur la coquine Prends-moi.
La plus grande surprise demeure la réalisation signée RZA. L’illustre producteur de Brooklyn (et rappeur au sein du Wu Tang Clan) a travaillé sur d’innombrables albums hip hop au cours de sa carrière (dont le plus récent Kanye West!) mais n’avait encore jamais mis la main à un album… de chanson française!
La griffe de RZA ne se fait que rarement sentir. Quelques moments de délire typiquement Rita Mitsouko en bénéficient toutefois: Punk 103, une divagation sur les couleurs primaires, l’énigmatique Got You Sweet et Rendez-vous, une finale éclatée, voire bizarroïde (surtout sur le plan de la réalisation) où rythme techno rencontre musette.
Avec autant d’approches et plusieurs ruptures de tons, Ring n’Roll n’est certes pas un exemple de cohérence. Il s’agit plutôt d’un ensemble de chansons hétéroclite. Heureusement, plusieurs d’entre elles en valent le détour. D’autant plus qu’il est rassurant de constater que Catherine Ringer démontre encore le souffle, la fougue et l’originalité qui en a fait une figure marquante de la chanson française pendant près de 30 ans… avec ou sans (Papa) Chichin.
* Catherine Ringer sera en spectacle au Métropolis, à Montréal, le 14 juin 2011 dans le cadre des Francofolies de Montréal. Elle sera également de passage au Théâtre Petit Champlain, à Québec, le lendemain (15 juin 2011).
- Artiste(s)
- Catherine Ringer
- Catégorie(s)
- Pop, Rock,
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