Cage the Elephant

Critique album | Cage the Elephant – Melophobia

Cage the Elephant - Melophobia Cage the Elephant Melophobia

Avec un peu de discipline et une esthétique plus soignée, Cage The Elephant pourrait sans doute être l’une des grosses pointures du pop-rock. La formation du Kentucky pourrait créer des hits à tout casser, dominer les radios FM – du moins les stations qui diffusent encore du rock – et remplir des amphithéâtres. Heureusement, ils ont décidé de conserver ce petit côté échevelé, authentique et croustillant, qui leur va si bien, à défaut d’en faire des stars.

Étrange titre pour ce troisième album : Melophobia. Un néologisme qui signifie, en somme, une aversion pour la musique.

C’est paradoxal, un groupe qui se présente comme antipathique envers sa forme d’art. Surtout que ce petit troisième, encore plus que les deux précédents, charme l’auditeur par son plaisir contagieux, du début à la fin.

La power-pop énergique de Melophobia s’impose dès les premières mesures de Spiderhead, une chanson qui donne envie de taper des mains. Ou du pied. Une chose est sure : ça ne s’annonce pas comme un album d’anti-musique, loin de là. Les codes d’une chanson pop-rock rythmée sont respectés et interprétés avec les tripes. Et bien que Cage The Elephant butine d’un genre emprunté à un autre tout au long de l’album, les neuf autres chansons ne changeront jamais cette impression de joie intense.

Les clins d’oeil abondent : l’air du couplet de Come A Little Closer rappelle étrangement Dead and Gone des Black Keys, les premières notes du refrain de Take It Or Leave It donnent l’impression que Matt Schultz se mettra à chanter les couplets d’I Wanna Hold Your Hand des Beatles (alors que les couplets pigent davantage dans le néo-disco, style The Strokes récemment), et It’s Just Forever fait penser à The Kills.  Bon… pour cette dernière, c’est un peu normal : Alison Mosshart prête sa voix aux refrains, puis à l’interlude, qui sonne comme si The Kills avaient carrément pris le contrôle de la chanson.

Mais en dépit des ressemblances ici et là, le tout porte l’empreinte de Cage The Elephant : cet amalgame de furie et de sensibilité pop, toujours basé sur des mélodies fortes qui atteignent la mémoire à long terme dès la première écoute.

Ce qui étonne d’autant plus, c’est toute la variété que parvient à contenir cette aventure de 38 minutes en seulement 10 chansons. La finale en est un exemple probant : de la plus bruyante et chaotique du disque (l’intense Teeth), on passe en un pas à la très jolie Cigarette Daydreams, toute délicate et gracieuse. Turbulence puis atterrissage, en un temps record. Mais ça fonctionne.

Le plus important dans tout ça, c’est que les dix chansons de Melophobia ont le potentiel de devenir autant de petites bombes sur scène. Et Dieu sait que si Cage the Elephant maîtrise une chose de son métier, c’est bien la scène !

Croisons les doigts pour une annonce de concert à Montréal prochainement. À leur dernier passage par ici, les rockeurs de Bowling Green, au Kentucky, assuraient la première partie des Black Keys. Vivement un concert complet, cette fois-ci !

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