Black Sabbath

Critique album | Black Sabbath – 13

Black Sabbath - 13 Black Sabbath 13

Ah, le retour aux sources : ce bon vieux cliché du rock. Souvent vide de sens, ce petit truc ramène tout de même quelques vieux artistes usés dans le droit chemin de la pertinence, à l’occasion. C’est précisément ce que Black Sabbath s’est appliqué à faire sur 13, avec des résultants surprenants.

Le fait de revenir à l’essentiel, à la simplicité (même si les longues compositions se déclinent souvent en plusieurs chapitres), avec tout le bagage de l’ancienneté sert bien Black Sabbath pour ce retour appréhendé par plusieurs. Avec Rick Rubin (reconnu comme un spécialiste des « comebacks ») derrière la console, tous les espoirs étaient permis, mais un doute subsistait.

D’abord parce que le retour à la formation originale des années 1970 a échoué. Le coup parfait a connu une embûche majeure avec la situation du batteur Bill Ward, que les disputes contractuelles ont finalement exclu du processus.

Pour le remplacer, rien de moins que Brad Wilk, qui violentait la caisse claire au sein d’une certaine bande d’enragés nommée Rage Against the Machine. Pas facile de remplacer un batteur aussi unique que Ward, et Wilk n’essaie même pas : il y va plutôt de sa touche personnelle, tout en respectant l’esprit du mythique groupe auquel il s’est greffé. À défaut de faire oublier Ward, le jeu de Brad Wilk est suffisant pour faire honneur au son Sabbath.

Si le groupe perd un peu au change au niveau des percussions, il fait un gain majeur avec le retour au bercail de son chanteur. Car soyons franc, le même constat d’irremplaçabilité s’appliquait au niveau du chant depuis 30 ans. Rien contre Ronnie James Dio, mais Ozzy, c’est Ozzy. Et Sabbath sans Ozzy, ce n’est pas vraiment Sabbath.

Le vieux suppôt de Satan reprend donc son rôle au milieu des guitares pesantes et du martelage de la section rythmique et chante les mots écrits pour lui par le bassiste Geezer Butler, la force tranquille du groupe. Ozzy semble s’ajuster à merveille à sa rentrée dans les rangs de la formation. Ce rôle lui paraît plus naturel que ses récents albums solo.

Tony Iomi, lui, multiplie les riffs assassins, vous vous en doutez. Et il n’en rate pas un. Les solos sont inspirés (écoutez End of the Beginning vers les 6:15 ou Age of Reason vers les 5:30 pour vous en convaincre) et jamais superflus.

Mais surtout, le groupe réussit assez bien à reproduire l’aura de mystère semi-satanique de ses débuts, même si les mélomanes ont arrêté de croire en Satan depuis longtemps. N’empêche, contrairement aux Alice Cooper de ce monde, Black Sabbath évite l’écueil principal qui le guettait : l’auto-caricature. Il remonte plutôt à l’origine de ce qu’il avait créé au début des années 1970 : le heavy métal sombre, lugubre, axé sur les riffs lourds.

Efficace à défaut d’être grandement original, 13 est tout ce qu’on pouvait souhaiter d’un retour de Black Sabbath, à condition d’avoir des attentes raisonnables.


On attend toujours l’annonce d’un concert de Black Sabbath à Montréal… peut-être à l’automne ?

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