Critique album: Asa – Beautiful Imperfection

La chanteuse nigériane devenue Parisienne Bukola Elemide – qui oeuvre sous le nom d’artiste Asa – lançait son 2e album Beautiful Imperfection en France en octobre 2010. L’étiquette montréalaise Justin Time a eu la bonne idée de nous importer ce petit bijou soul-pop au Québec.

Il y a de ces albums pop qui plaisent dès la première écoute mais dont on se lasse rapidement. Beautiful Imperfection évite ce piège grâce à ses arrangements raffinés et à la richesse de ses influences.

Après tout, Asa n’est pas une parvenue, loin de là. Nourrie d’influences diverses, elle agence avec un naturel désarmant des effluves de reggae, de jazz, de musiques africaines, de rock et de folk à sa musique pop à saveur principalement soul.

Sa voix feutrée et sa prononciation si caractéristique s’installent au premier plan sur cette trame musicale métissée et sert de guide, de ligne directrice pour éviter que l’auditeur ne se perde dans cette variété. Asa travaille avec soin la musicalité des mots, ce qui ajoute du punch et du rythme à plusieurs titres.

Le travail de l’ingénieur du son américain Tchad Blake (Peter Gabriel, Elvis Costello) derrière la console contribue à faire respirer le tout.

Légèreté dans les propos

Décidément, la lourdeur n’a pas sa place sur Beautiful Imperfection. En plus de la musique qui virevolte au gré des influences de Asa, les textes de l’album (tous issus de la griffe de l’artiste) sont lumineux, une célébration de la beauté de la vie et de l’imperfection, comme en témoigne le titre.

La pièce de fermeture, Questions, propose certes quelques réflexions plus poussées sur une musique doucement pianotée, mais c’est certainement Preacher Man qui propose le texte le plus senti: un joli hommage au gospel. La chanson prend pourtant la forme d’une balade rock.

Une triade de titres sont également livrés en yorouba, une langue nigéro-congolaise: la délicate Oré, la jolie Bimpé et l’entraînante Broda Olé.

Somme toute, Beautiful Imperfection est un album très pop, qui aurait pu tomber dans la paresse et la facilité ou donner des résultats trop sucrés entre les mains d’une artiste moins douée. Heureusement, Bukola Elemide a le bagage musical et l’entourage qu’il faut pour faire de cette collection de chansons relativement hétéroclite un petit bijou d’album rayonnant et charmant.

Une mention s’impose pour la pochette, une oeuvre très fashion signée Jean-Baptiste Mondino, où l’on y voit la jolie binette de la chanteuse, avec ses lunettes imposantes fissurées et un air faussement « blaxploitation ». Punchée.

* Asa était de passage au Festival d’été de Québec cet été. Espérons que l’artiste soit bientôt de retour dans la Province.