Critique album | A Fine Frenzy – Pines

Alison Sudol, mieux connue sous le nom d’artiste A Fine Frenzy, nous revient avec son troisième album, Pines, sur lequel elle nous plonge dans un univers austère. Laissant la pop légère au profit de chansons longues et touffues, la jeune Américaine prend le risque de s’aliéner son public des premières heures pour créer une œuvre artistique qui se veut plus profonde.

On reconnaît immédiatement la douce et mince voix, mais l’emballage est différent. Sudol nous raconte ici une histoire, déployée en tableaux parfois froids, parfois ensorcelants. Mais le périple n’est pas aisé. Pines demande de grands efforts pour se laisser apprécier, et avec sa durée d’au-delà d’une heure, l’album paraît un brin trop long.

Certaines pièces sont d’une grande beauté, qu’on pense à Sadseasong et son délicat piano, ou Dream in the Dark sur laquelle la voix de Sudol est couplée à une douce mélodie au ukulele. Mais certaines chansons semblent interminables (Riversong, entre autres), et on perd quelque peu notre intérêt.

Réalisé par Keefus Green (qui était également aux commandes de l’album Vows de Kimbra), Pines jouit d’un joli son feutré qui sied parfaitement à l’atmosphère recherchée par Alison Sudol. Les textes, qui traitent d’amour, de désir, d’alanguissement, sont très bien servis par la basse apaisante de Gabe Noel, la guitare subtile d’Omar Cowan et la batterie assourdie de Jonathan Wilson.

L’ambiance langoureuse est brisée à quelques moments par des chansons plus pop (Sailingsong, Now Is The Start) qui ne semblent pas tout à fait avoir leur place sur le disque. Si Pines avait été amputé de quelques-uns de ces titres, et que les pièces longues avaient été un peu plus resserrées, on aurait pu parler d’un album de plus grande importance. Dans sa forme actuelle, Pines est un pas dans une direction intéressante, mais qui ne semble pas tout à fait assumé.

* A Fine Frenzy assurera la première partie de Joshua Radin au Théâtre Corona, ce vendredi 2 novembre.