Critique album | 1995 – Paris Sud Minute

Le phénomène du rap français 1995 (prononcé « un-neuf-neuf-cinq ») passe haut la main le test du premier album complet avec l’excellent Paris Sud Minute. 

Passé de révélation à référence en 2012 grâce au EP La Suite (lui-même bénéficiant du vent favorable qui soufflait depuis le premier EP, La Source, en 2011), le jeune collectif sud-parisien devait encore prouver qu’il pouvait produire un album de longue durée consistant.

Le défi est relevé avec brio : pas moins de 17 pistes, totalisant plus d’une heure de musique. De la qualité mur-à-mur? Presque.

Les cinq MC (Alpha Wann, Areno Jaz, Fonky Flav, Sneazzy et Nekfeu) brillent chacun à leur tour, alternant au rap comme une bande bien équilibrée, une machine bien huilée. Qu’il soit question de nostalgie (Le passage), de cocaine (Pétasse blanche) ou d’anecdotes de tournée (Souviens-toi), les textes sont ingénieusement construits et démontrent tout le sérieux de la démarche. La technique (le débit, la prononciation, la musicalité des mots) est également irréprochable.

Les références au rap des années 1990 (IAM, MC Solaar, NTM, Wu Tang Clan) sont à peine camouflées, mais la variété musicale permet de garder une certaine fraîcheur à l’ensemble. Hip-hop, funk, musique latine (l’excellente Flingue dessus), électro, jazz-rap et rap alternatif (pensez Jurassic 5 ou Common) font ici bon ménage.  Quelques moments instrumentaux servent habilement de ponctuation.

Tout n’est pas parfait : l’extrait Réel plaira sans doute à un jeune public, mais souffre justement de cet aspect un peu juvénile.  Beaucoup plus sérieuse (trop?), Pleure salope tombe dans le piège du mélodrame en relatant le quotidien désolant de tristes personnages sur une boucle de piano mélancolique. 

Sinon, que du bon. 

À écouter:
Bla Bla Bla, Flingue Dessus, Pétasse Blanche, Paris Sud Minute, Baisse ta vitre

À éviter:
Réel, Pleure Salope