Critique | Adib Alkhalidey réussit sa rentrée au Théâtre St-Denis
Après des mois de flirt, Adib Alkhalidey passait finalement à la prochaine étape avec son public en proposant la rentrée montréalaise de son premier one-man show, Je t’aime. Et son public de répondre : nous aussi. Ç’a l’air parti pour une relation à long terme.
Belle carte de visite que ce premier spectacle de stand-up mis en scène par Martin Matte et mené de main de maître par l’humoriste à la chevelure hirsute.
Comme tout premier one-man show qui se respecte, on y apprend à connaître la fascinante personnalité d’Adib par le biais de tranches de vie et d’observations du quotidien traitées par ce cerveau pour le moins créatif. Mais bien que la formule soit éprouvée, Adib sait en faire quelque chose d’original, de rafraîchissant.
Jeune adulte à tendance gamin, articulé, tendre et impulsif, Adib s’exprime de façon colorée et éloquente sur un tas de sujets : la courtoisie, la technologie, la masculinité, les toilettes des filles (!) et la piètre qualité du français, dont il constate la mort sur Facebook. Pas en raison de l’anglais. En raison des adolescents !
Son point de vue et son approche sont à la fois décalés par rapport à son époque et tout à fait en phase avec sa génération. Ses réflexions face aux petites absurdités de la vie en société sont singulières, mais étrangement, le public (plutôt jeune-adulte, dans l’ensemble) s’y identifie. Il faut dire que sa mine attendrissante de grand gamin et son absence totale de mesquinerie le rendent totalement attachant.
Des anecdotes viennent aussi rehausser le spectacle, notamment celle du Japonais nu dans un sauna. « Les gens ne me croient pas et ça me contrarie… J’ai pas assez d’imagination pour inventer ça! ».
Ces petites histoires, toutes plus absurdes les unes que les autres, permettent à l’humoriste de se faire valoir en tant qu’excellent conteur.
Son matériel est bien écrit, habilement livré et ne tombe jamais dans la vulgarité, sans toutefois manquer de punch. Souvent recherché par les humoristes, cet équilibre est rarement aussi bien atteint.
Mais surtout, Adib Alkhalidey possède et cultive ce talent brut qu’il faut pour mener à bon port un très bon one-man show. Il a beau dire qu’il est devenu humoriste parce qu’il n’a pas une face pour le service à la clientèle, on ne doute pas une seule seconde qu’il est à sa place sur une scène.
Attachant et original, ce nouveau spectacle permettra à la découverte de l’année au dernier gala des Olivier de charmer le grand public, sans l’ombre d’un doute.
- Artiste(s)
- Adib Alkhalidey
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Théâtre St-Denis 2
- Catégorie(s)
- Humour,
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