Coup de coeur francophone 2024 – Jour 9 | Soirée Wallonie-Bruxelles au Club Soda : Une soirée par, et pour des Belges

Ça sent la bière ce soir au Club Soda. Plus que d’habitude. La délégation Wallonie-Bruxelles présentait ce vendredi cinq artistes du Plat Pays, notamment la star montante de la pop francophone d’Europe Pierre de Maere. Si la logistique de la soirée relevait de la catastrophe, les performances éclectiques ont permis de dresser un portrait juste de la scène populaire belge actuelle.

Le spectacle aurait dû commencer à 19h. Pas à 20h. Parce que si, après les quatre premières prestations, l’horaire annonçait déjà Pierre de Maere pour 23h10, le retard accumulé tout au long de la soirée a forcé le jeune Bruxellois à débuter à 00h10. Évidemment, le parterre est meurtri, dispersé. Les plus grands fans sont encore là, vaillants, mais de Maere aurait certainement mérité une plus grande foule, surtout en sachant que l’artiste pop a décidé de mettre un terme à sa pause sur scène afin de revenir pour deux seules et uniques dates au Québec. Par amour de la Belle Province. Ils se ressemblent, d’ailleurs, les Québécois et les Belges. Les Belges francophones, du moins. Les deux peuples sont gentils, accueillants, bons vivants. Bon, on s’égare…

Suivant une intro assurée par un trio de musiciens, Pierre de Maere foule les planches du Club Soda et interprète d’emblée Enfant de et Menteur. La tenue est au point, la gestuelle aussi. Il a ce côté espiègle dans son regard, il est beau garçon, charismatique. Sans oublier une voix d’ange (qu’il espère marier un jour) et cette Victoire de la musique 2023 à la clé. Il a tout pour réussir dans l’impitoyable monde de la musique pop, ce Pierre. Il se retrouve dans la même position qu’Angèle en 2018 : ça va se jouer sur de bonnes décisions de carrière. Accompagner Dua Lipa en featuring sur une chanson (comme Angèle, décidément…), c’en est une. Une super performance de la part de Pierre de Maere, que l’on espère retrouver dans de meilleures conditions la prochaine fois.

Quatre nuances de pop

J’écrivais que le spectacle aurait dû commencer à 19h, et non à 20h. En fait, il n’a même pas commencé à 20h. Alice on the Roof, première artiste à fouler les planches, jouait au clavier les premières notes de La fille sur le toit vers 20h20. Ça peut paraître bénin comme retard pour une majorité de concerts, mais quand l’horaire est aussi serré et que les problèmes techniques va et viennent entre chaque set, ça ne pardonne pas.

Le public est alors deux fois plus nombreux pour assister à la performance de la première artiste que pour celle du dernier, Pierre de Maere, que l’on attendait pourtant tous. Ça ne pardonne pas, encore.

Les quatre musiciens précédant Pierre de Maere ont présenté un beau tour d’horizon de ce que les Belges francophones écoutent à la radio. Alice on the Roof tricote dans la sentimentalité à la Loïc Nottet, Noé Preszow a davantage l’attitude d’un showman énergique à la Dumas (qui assurait l’animation de la soirée, d’ailleurs) alors que Charles préfère une musique aux accents électro-pop quasi sensuels. Ce genre d’artistes qui gravitent autour de The Voice. Seul Saule, une sorte de mélange entre Thomas Dutronc et Jack Johnson, proposait une offre un peu plus dans « la marge ». Presque impossible pour les Belges expatriés ici, au froid, d’apprécier leurs musiciens fétiches sur des scènes montréalaises. Trois des cinq participants en étaient à leur première visite sur le sol québécois. Il fallait donc une initiative comme celle engendrée en novembre par la fédération Wallonie-Bruxelles (qui avait notamment été testée plus tôt dans l’année, au festival Santa Teresa) pour permettre aux intéressés de vivre une expérience comme telle.

Tous les artistes présents avaient des qualités propres et méritaient leurs places ce soir. C’est évident. Mais si des Québécois ne connaissant rien à la musique belge se trouvaient au Club Soda pendant le spectacle, sachez que ce n’est pas non plus ce que nous faisons de mieux en musique aujourd’hui. « Nous? » Je suis Belge aussi, démasqué…

C’est comme si le Québec envoyait Charlotte Cardin, Fredz, Cœur de pirate et Jay Scøtt jouer à l’Ancienne Belgique, à Bruxelles. C’est loin d’être le pire, mais c’est loin d’être le meilleur aussi. Dan San, Girls in Hawaii, dEus, Swing, Nicolas Michaux : voilà, selon moi, une poignée de noms belges qui représentent, en partie, la crème de la crème du pays. C’est alternatif, un peu plus niché, comme bon nombre d’artistes pertinents partout dans le monde. Et ça chante en anglais, beaucoup.

Mais encore, c’est seulement une opinion.

Les goûts et les couleurs.