Chris Hadfield – Space Sessions: Songs From a Tin Can (**)
Présenté comme étant le premier album enregistré dans l’espace, Space Sessions : Songs From a Tin Can de Chris Hadfield, l’astronaute ontarien à la bouille sympathique, est un ensemble de chansons composées lors de son séjour à bord de la Station spatiale internationale en 2013. Au-delà de l’originalité du projet en soi, la musique vaut-elle le détour? Pas vraiment…
Chris Hadfield est à l’espace ce que le défunt Jack Layton fut à la politique : un bon gars. Son air de gentil « mononcle » moustachu lui donne un certain passe-droit qui lui permet de jouer les musiciens amateurs sur diverses plateformes (télé, radio, etc.) sans que qui que ce soit ne lève un sourcil. Après tout, la musique fait partie de sa vie depuis toujours, Hadfield traînant sa guitare à peu près partout où il va.
Alors, le fait que le cinquantenaire décide de lancer un album sur l’étiquette Warner Music Canada ne semble pas si farfelu a priori.
Réalisé par Robbie Lackritz, le disque est le fruit d’un travail consistant à prendre des démos enregistrées dans l’espace par Hadfield sur son ordinateur, et y rajouter divers instruments en studio, sur Terre.
C’est ainsi que Afie Jurvanen, de Bahamas, s’est retrouvé à jouer de la guitare sur l’album, en particulier un solo sur la pièce Beyond The Terra. Cette chanson, coécrite par Hadfield et son fils, est la plus intéressante de l’album. Pensez à un pastiche (volontaire ou non) de Neil Young. Tout y est : la voix nasillarde de Hadfield (le chant en apesanteur lui conférant une voix de personne enrhumée), la batterie un peu pépère qui rappelle l’époque de Harvest, et le solo de guitare qui évoque le jeu de Young.
Les textes des chansons font, pour la plupart, état des impressions de l’astronaute dans sa situation particulière. La pièce à saveur country Feet Up traite de la vie sans gravité. Jewel In The Night décrit les impressions du chanteur observant la Terre de l’espace. Space Lullaby, qui a un petit côté Everly Brothers, est une jolie ballade écrite pour la fille de l’astronaute.
Et malgré tout, au-delà des petits moments de beauté et de l’originalité du projet, cet album n’aurait jamais été lancé – ou du moins n’aurait jamais fait la moindre vague – si l’artiste en question n’était pas Chris Hadfield. Il s’agit du projet musical d’un musicien correct, d’un chanteur moyen, d’un compositeur qui est capable d’écrire de jolies mélodies, mais sans plus.
C’est un peu comme si votre oncle qui s’improvise musicien chaque année dans les partys de Noël décidait d’enregistrer un album dans son sous-sol. Il en distribuerait des copies à tous les membres de la famille, que personne n’écouterait jamais vraiment. C’est le genre d’album où le processus de création est beaucoup plus fascinant que le produit final.
L’album se termine par la fameuse reprise de Space Oddity, dont le clip filmé dans l’espace fut visionné d’un bout à l’autre de la Terre en 2013. Au-delà du fait qu’on la fredonne parce qu’on la connaît déjà, cette version du classique de Bowie n’a rien de particulièrement intéressant à offrir au plan musical, comme le reste du disque.
Space Sessions : Songs From a Tin Can est un projet sympathique, mais qui, au contraire des accomplissements de Chris Hadfield dans l’espace, n’a rien de très mémorable.
- Artiste(s)
- Chris Hadfield
- Catégorie(s)
- Acoustique, Classic rock, Country, Folk, Rock, Soft rock,
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