
Chilly Gonzales au Rialto | Music’s back
2023. Deux. Mille. Vingt. Trois. Deuxzérodeuxtrois. C’est en cette année, il y a deux ans donc, que nos billets pour cette série de concert de Chilly Gonzales au Rialto furent acquis. Trois soirées intimes (aussi intime qu’un Rialto sold out puisse l’être) durant lesquelles l’artiste devait à la base proposer les pièces de son jadis récent album French Kiss.
Mais ces spectacles ont été reportés. Puis rereportés. Puis pas mal oubliés, pour être franc. Jusqu’à cette semaine de mi-avril 2025 où les légendaires pantoufles du Gonz ont enfin refoulé les planches de la scène montréalaise.
Il s’en est coulée, de l’eau sous les ponts, depuis la date initialement prévue du 18 octobre 2023: le punk pianiste a sorti nombre de nouveaux albums, dont, justement, French Kiss, puis Gonzo. Ses collaboration avec la crème des jeunes rappeurs et rappeuses de France se sont multipliés. Le premier opus de sa série Solo Piano a fêté ses 20 ans.
Plus notable encore, l’indomptable showman semble avoir pris en maturité.
Pas en maturité musicale, précisons, parce que la sophistication de ses oeuvres à l’ivoire et l’ébène font de plus en plus place a des versets raps aux calembours plus adolescents les uns que les autres. Mais l’homme, le gars derrière les touches, lui, semble avoir trouvé une forme de paix.
Alors que les autres fois où on l’a vu, on sentait un brûlant désir de sa part d’impressionner son audience – tantôt crowdsurfant dans une foule gériatrique pour choquer les puristes classique, tantôt faisant l’inverse en parlant de théorie complexe – cette fois-ci, on sent Jason (son vrai nom, btw) plus serein.
Tout est sobre. Même le plancher du Rialto, d’ordinaire admission générale, se transforme en places assises de type concerto. Le bar est fermé le temps de la prestation pour éviter les bruits de canisses d’IPA qui s’ouvrent pendant un crescendo émotionnel. Les interventions entre les pièces sont moins fréquentes et plus posées.
Et cette paix d’esprit se ressent aussi dans le choix de musiciens qui accompagnent maintenant Chilly. On l’a déjà vu seul sur scène, on l’a aussi vu accompagné du Kaiser Quartett pendant les années Chambers, mais cette fois, on le voit accompagné de musiciens plus jazz, qui confèrent aux compositions plus de souplesse, plus de fun.
En fait, c’est ça, la grande différence.
Auparavant, Chilly se divisait en deux. Fun et fou lorsque son personnage prenait la parole, rigoureux et carré quand ses mains touchaient le clavier. Mais cette semaine, on dirait que les deux solitudes qui l’habitent ont finalement trouvé un terrain d’entente qui permet à l’artiste d’être davantage terre-à-terre lorsqu’il s’adresse à son public et plus lousse, faute d’autre mot, en jouant ses pièces.
Dr. Jekyll et Mr. Hyde ont fait la paix.
Et ça, ça donne une nouvelle vie à des pièces phares de son répertoire.
On sent des relents de bossa nova. On devine des moments d’improvisation (pendant Knights Moves, surtout). Même la classique Dot reçoit un traitement groovy qui la fiat sonner un peu comme une toune qui pourrait résonner dans la vallée de Gerudo.
Chilly embrasse aussi maintenant pleinement son rôle de collaborateur des stars, qu’il cachait un peu plus auparavant.
Il nous parle de son expérience avec Drake (moment le plus drôle/triste du concert, d’ailleurs, est quand il demande « y’a-tu des fans de Drake dans la salle? » et ne résonne ensuite qu’un long silence). Puis de son passage en studio avec les robotiques Daft Punk. Le groupe entame à ce moment Within, une des chansons tirées de Random Access Memories sur lequel Gonzales a un crédit de composition et qui sera pour l’occasion chantée par le batteur du quatuor.
On aura aussi droit à des pièces piano only, à des pièces piano-contrebasse, à des solos de violon, à des moments où le sol du Rialto tremble sous les tapements de pieds.
Bref, comme le hurlera Chilly en guise d’au revoir:
Music is back, motherfuckers.
- Artiste(s)
- Chilly Gonzales
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Théâtre Rialto
- Catégorie(s)
- Classique, Pop,
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