crédit photo: Bayley Hanes
Chat Pile

Chat Pile au Club Soda | Cool monde

S’il y a une chose à laquelle je ne m’attendais pas en rentrant au Club Soda hier, c’était de recevoir, de la part d’un moustachu en bedaine, une présentation franchement approfondie sur l’héritage du cinéma montréalais à travers les époques, l’apport de Villeneuve sur le septième art et la relation entre la pègre québécoise puis sa représentation à l’écran.

Et pourtant, c’est ce que j’ai eu. Ça et beaucoup plus, mais tout de même, tsé, ça.

Un fascinant bonhomme que ce Raygun Busch, le moustachu en question, qui, lorsqu’il ne hurle pas de poignants textes sur les horreurs de la condition humaine dans son coin de pays (Oklahoma), semble visiblement engloutir des filmographies complètes.

Mais ce n’était pas SI surprenant de l’entendre nous parler, entre deux riffs bouetteux, de DVD nichés. Il faut dire que les paroles articulées, honnêtes et ravageuses qui impulsent les chansons de Chat Pile donnaient déjà des indices que Raygun, frontman du groupe, était curieux, empathique et cultivé. Bien naturel que quelqu’un qui s’intéresse autant aux situations sociales soit attiré par le cinéma.

Mais ce dont Chat Pile parle dans son oeuvre, c’est loin d’être de la fiction. Itinérance, crise climatique, industrialisation grotesque, voyeurisme, violence, c’est un portrait putainement glauque que nous peint le groupe, tant sur son premier opus, God’s Country, que sur leur petit dernier, Cool World.

Vous aurez deviné l’ironie des titres.

Titres qui deviennent doublement ironiques lorsque juxtaposés à leur pochette respective – dans le cas de Cool World, un coin de rue typique du Small Town America sur lequel se juche une grosse croix bien chrétienne (ou baptiste ou peu importe les autres variantes présentes en Oklahoma). L’image grise et morne à elle seule, en tout cas pour un p’tit gars de Beauce comme moi, réveille un mal-être et donne le ton pour ce qui s’en vient soniquement.

Et ce qui s’en vient soniquement, c’est une belle claque sludge en pleine djeule (pardonnez l’accent beauceron). Ou en tout cas, c’est ce qu’on s’attend de la part du groupe. Quelque chose qui se tient à mi-chemin entre le noise et le doom, entre le cri et le spoken word. Quelque chose de lourd lourd lourd.

Mais en show, ben coudonc, ça… groove?

Ça groove comme un bien vieux morceau de Deftones ou de Korn ou même, oserais-je avancer LIMP BIZKIT ou hey tant qu’à y être PRIMUS peut groover.

Le nouvel album du groupe est effectivement plus aventureux que le premier, sautant d’une influence à une autre, mais c’est tout de même en l’entendant sur scène que ses nuances prennent tout leur sens.

Franchement un spectacle qui amplifie grandement l’expérience Chat Pile et aussi, sur une autre note, si jamais vous avez le goût de scrapper votre journée et de vous enrager devant les inégalités qui pestent le monde moderne, je vous conseille d’écouter la percutante Why?. En tout cas moi, ça me met la djeule à terre à tout coup.

Agriculture en première partie

Je ne peux pas vous quitter sans vous glisser un petit mot sur Agriculture.

Pas la pratique d’aménagement et d’optimisation des sols, cycles biologiques et espèces domestiquées qui a transformé le mode de vie nomade d’antan en une ère de sédentarisation.

Non.

Le band de black metal vraiment nice. Jamais n’ai-je vu un tremolo picking si rapide et contrôlé. Au son seulement, on aurait pu croire à un essaim d’abeilles à moto. Et cette voix. Des cris stridents, épouvantables, mais aussi libérateurs. Bref, si vous ne connaissez pas, je vous invite à connaître. Fans de Deafheaven seront entre autres ravis.

Seul point faible: c’était la fin de la tournée et ils n’avaient plus de merch 🙁

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