
Chaos & Carnage 2025 à L’Olympia │ Test d’endurance sur fond de symphonie métal
Les admirateurs invétérés de la scène métal montréalaise attendaient depuis des semaines de pied ferme ce marathon qui s’annonçait hier soir, le 6 mai, à l’Olympia. Le défi : assister aux prestations de sept bands brutaux en six heures un mardi soir dans le cadre de la tournée Chaos & Carnage 2025. Plusieurs peuvent déclarer mission accomplie, mais pas tous.
Entrée dans la course
Dès 16h30, Corpse Pile a pris d’assaut la salle déjà bien remplie pour l’heure. Les Texans n’ont eu que 25 minutes pour chauffer les esprits de leur death métal brutal avant que n’embarque Vomit Forth, leurs « fellow citizens » du Connecticut qui n’ont pas manqué de faire monter la pression d’un cran en demandant un mur de la mort… à 17h30.
Moins de quinze minutes séparaient les premiers bands, si bien que Undeath est apparu peu avant 18h pour poursuivre dans la vague death métal et cracher une solide prestation. Le chanteur, Alexander Sason, a encouragé la foule qui n’en était pas encore à mi-parcours en lançant un « nous n’en avons pas fini avec vous ce soir, je veux voir le chaos maintenant », message auquel les fans ont répondu avec plus d’ardeur sur le parterre.
Ne Obliviscaris
Plus ça allait, plus le rythme s’accélérait (tout comme le rythme cardiaque des spectateurs). Les chandails marqués de la célèbre citation de Cradle of Filth « Jesus is a cunt » étaient de plus en plus visibles. La soirée s’est transformée quand vers 18h30, les six membres du groupe australien Ne Obliviscaris, très attendu, a foulé les planches pour transporter les mélomanes dans un monde à la fois onirique et brutal. Les chants gutturaux du nouveau chanteur James Dorton (2023) mêlés aux chants classiques et aux mélodies jouées au violon par le virtuose Tim Charles ont transporté l’Olympia dans une ambiance unique chargée d’émotions. La foule hurlait de voir ces bêtes de musique se produire devant eux après être venues de l’autre bout de la planète pour cette tournée.
Fleshgod Apocalypse
19h30. L’heure de la vénération était arrivée. Bien que la majeure partie de la foule, déjà impressionnante, était venue pour Cradle of Filth, l’entrée en scène de Fleshgod Apocalypse a mis la foule en liesse, et pour cause. Il fallait voir le décor, les costumes et l’atmosphère gothiques pensés pour l’occasion! D’abord seule sur scène sur son piédestal, la chanteuse « soprano dramatique » Veronica Bordacchini, vêtue d’une impressionnante tenue médiévale et brandissant un énorme ancien drapeau de l’Italie, a parti le bal avant que ne la rejoigne les cinq autres membres pour ce qui allait devenir une étrange symphonie.
Ceux qui pensaient avoir vécu quelque chose avec Ne Obliviscaris ne savaient pas ce qui les attendaient. C’est que ce groupe de death métal technique italien, formé en 2007, ne fait pas dans la dentelle malgré ses atours. La brutalité de leur musique, enrobée par les chants clairs, et appuyée par un piano déjanté et des mélodies renversantes ont conquis ceux qui ne l’étaient pas déjà. Fleshgod Apocalypse a non seulement offert une prestation de haute voltige, il a déployé du grand art et transporté aisément même les plus réticents au style dans leur univers.
Cradle of Filth et Dying Fetus
Ce qui allait pour plusieurs être le clou du spectacle ne tardait plus à arriver. Le marathon était loin d’être fini. Mais la fatigue et les maux de jambes sont disparus comme par enchantement quand le premier cri strident, signature du chanteur Dani Filth, a déchiré l’Olympia. On y était. Cradle of Filth était sur scène.
La légendaire formation du Royaume-Uni était plus attendue que Dying Fetus, qui allait suivre, malgré la singularité du trio; Dying Fetus est un abonné des scènes montréalaises et s’y est produit à plusieurs reprises au cours des dernières années. Le « buzz » était peut-être moins là.
Dans le style purement métal extrême et gothique, le chanteur, Dani Filth (Daniel Lloyd Davey), le seul membre fondateur restant du sextet, a étalé de façon magistrale l’ampleur de ses capacités vocales, éclipsant comme à l’habitude les autres membres du groupe par sa singularité et ses énergiques mises en scène dans une prestation qu’on pourrait qualifier de « beau bordel symphonique ».
Il pleuvait littéralement des « crowd surfers » devant la scène. La foule jubilait de voir cette démonstration de légendes couvertes de cuir et de « studs » aligner leurs succès, dont le mythique Cruelty Brought Thee Orchids, Death Magick et en finale, Her Ghost In The Fog.
21h50. Fin de course. Dying Fetus venait clore le test d’endurance. Ce n’est pas que les vétérans américains du métal n’ont pas offert un bon spectacle, loin de là. Seulement, l’énergie venait à manquer et après le passage de Flesghgod Apocalyspe et de Cradle of Filth l’un après l’autre, la magie s’est dissipée rapidement devant le trio qui n’est pas le roi de la présence scénique, disons. L’éreintement était plus marqué une fois que la furie était passée. Lentement, la salle est devenue clairsemée, puis plus rapidement, au fil des opus très techniques pourtant joués à la perfection.
En somme, Chaos & Carnage 2025 devient un sérieux compétiteur dans la catégorie spectacle de l’année 2025 tant pour le « line-up », l’ambiance, le son que les éclairages. Le genre de soirée dont on se souvient longtemps et qui nous fait dire fièrement même longtemps après : « j’étais là ».
- Artiste(s)
- Corpse Pile, Cradle of Filth, Dying Fetus, Fleshgod Apocalypse, Ne Obliviscaris, Undeath, Vomit Forth
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- L'Olympia
- Catégorie(s)
- Death metal, Deathcore, Heavy metal, Métal, Speed metal,
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