Chante en français 2024 | La réalité du métier
Nous avons appris au début du mois l’identité des finalistes qui prendront part à la finale de Chante en français, qui se tiendra le 30 mai prochain au Théâtre Plaza à 20h. Alexandre Belliard, artiste derrière l’ambitieux projet Légendes d’un peuple et porte-parole 2024 du concours-vitrine, s’est entretenu avec Sors-tu? pour discuter à la fois de l’expérience de Chante en français, mais aussi des aléas de la vie de chansonnier.
Dix demi-finalistes étaient présents le 1er mai au soir à la Maison de la culture de Rosemont-La Petite-Patrie, mais seulement cinq de ces musiciens ont eu la chance de passer à l’étape supérieure : Léïa St-Pierre, Zéphyr Bielinski, Marily Dorion, Erwan et Laurence Bay. Ces artistes se produiront devant un jury de cinq professionnels de l’industrie qui décerneront aux participants 14 bourses allant de 300 $ à 3000 $. Des partenaires du concours offrent également des prix allant jusqu’à une valeur de 30 000 $. La finale sera une fois de plus animée par Geneviève Borne.
« Un concours, c’est une expérience, c’est un outil, mais ça ne bâtit pas une carrière, fait part M. Belliard, qui offrira une prestation durant la finale de Chante en français. Un coup que tu as gagné, le vrai travail commence. La richesse de ce concours-là, c’est d’être en contact avec des acteurs dont tu as besoin pour faire avancer ta carrière sur le plan professionnel. Des gens de radio, des gens de promotion, de production de spectacles, de production d’albums, énumère le musicien. Pour tout le reste, ça va être le combat d’une vie, de gagner ta vie en français dans la chanson », poursuit-il.
Au début des années 2010, Alexandre Belliard s’est lancé dans un projet de fresques biographiques, chansons et monologues sur l’histoire de la francophonie d’Amérique. Sous le nom de Légendes d’un peuple, Belliard a notamment fait paraître des albums, des manuels d’histoire et une bande dessinée, en plus d’avoir fondé un collectif en 2014 comprenant des artistes comme Vincent Vallières, Paul Piché ou Mara Tremblay. Malgré tous les efforts déployés par l’artiste, Belliard hésite toujours à continuer son métier par souci économique.
« [Je n’ai jamais arrêté] parce que j’aime vraiment ça, créer, écrire, partager avec les gens, faire des spectacles. La musique, puis la création, ça m’habite, ça m’anime, ça me stimule », explique Alexandre Belliard. « Mais j’ai plein d’amis qui n’arrivent pas à s’en sortir et qui ont des talents énormes. Ça me brise le cœur qu’ils soient malheureux à faire un travail [sur le côté] qui ne les intéresse pas alors qu’ils ont tant à offrir. »
Les plateformes de streaming ne contribuent pas à la cause, au contraire, explique M. Belliard. « Tout le monde a le droit de gagner sa vie, et les artistes aussi. Je vais dépenser 25 000 $ pour produire un disque que je vais donner à Spotify, qui va me redonner 50 piasses en échange sur deux ans. C’est ridicule », s’indigne le musicien montréalais.
D’après Alexandre Belliard, outre dans des festivals comme Les Francofolies ou des concours comme Chante en français ou Les Francouvertes, l’industrie n’accorde souvent pas une assez grande place à la chanson en français dans la province. Venir à la finale de Chante en français, « c’est une façon d’être responsable de sa culture, d’aller encourager des jeunes, d’aller les voir », souligne Alexandre Belliard. Seuls les musiciens âgés de 18 à 30 ans peuvent s’inscrire au concours-vitrine.
« Les jeunes auteurs-compositeurs-interprètes, je les trouve vraiment courageux, aujourd’hui plus que jamais, de vouloir faire ça. J’ai vraiment hâte d’entendre ce que les candidats auront à proposer. J’ai le goût d’être là pour eux autres, j’ai le goût de leur parler du métier, de les encourager, mais à la fois de leur parler de la réalité de chansonnier pour qu’ils soient là en connaissance de cause », dit Alexandre Belliard.
Si le discours d’Alexandre Belliard peut apparaître défaitiste, le musicien assure que la situation se renversera un jour, qu’on ne pourra pas aller plus bas. Mais à une seule condition. « S’il n’y a pas la souveraineté du Québec, la culture québécoise va mourir. Il y a juste une solution, c’est devenir un pays. »
Les inscriptions pour Chante en français sont déjà terminées pour cette édition, mais Belliard encourage grandement les jeunes artistes québécois à foncer sur la prochaine occasion, à l’hiver 2025. « S’inscrire à des concours en général, notamment à Chante en français, c’est avoir tout à gagner. Tu vas rencontrer des gens de l’industrie, des gens de ta génération qui font le même métier que toi. Tu vas pouvoir échanger. Ça te donne l’occasion d’avoir un retour sur ce que tu fais, puis de te faire des amis. Les artistes qui seront sur scène demain vont se rencontrer aux Francofolies dans 20 ans, ils vont se rencontrer en tournée à Gatineau ou aux quatre coins du Québec », dit Alexandre Belliard.
Les inscriptions pour Chante en français sont gratuites. Chaque artiste participant reçoit automatiquement une bourse de 200 $. Chante en français offrira également aux finalistes un atelier d’interprétation préparatoire présenté par Marie-Claire Séguin.
La finale de Chante en français au Théâtre Plaza est accessible gratuitement au public. Détails par ici.
* Cet article a été produit en collaboration avec Chante en français.
- Artiste(s)
- Alexandre Belliard, Chante en français
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Théâtre Plaza
- Catégorie(s)
- Chanson, Folk, Francophone,
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