Chansons pour filles et garçons perdus de Loui Mauffette | Road-trip enchanté au pays de la poésie québécoise
« Ma nouvelle création poétique est un road trip, un voyage, pas un cabaret, ni un récital, ni une pièce de théâtre, mais quelque chose d’intemporel, d’impressionniste » confie Loui Mauffette lors de notre entrevue téléphonique. Au programme du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 4 mai, puis à la Cinquième Salle de la Place des Arts du 5 au 19 mai — le CTD’A et Les spectacles Place des Arts co-produisent le spectacle — « Chansons pour filles et garçons perdus » est « un show sur l’amour », dont le titre reprend celui d’un livre écrit par son père, Guy Mauffette, acteur, poète et animateur à Radio-Canada.
Installé de chaque côté d’un bac à sable entouré de guirlandes lumineuses, le public est convié à un grand bal, où valsent les textes de Claude Gauvreau, Patrice Desbiens, Marie Ugay, Gaston Miron ou encore Joséphine Bacon, dans un espace onirique, hors du temps. Un véritable voyage de trois heures réunissant 15 acteurs et chanteurs, parmi lesquels se trouvent notamment Kathleen Fortin, Roger La Rue, Jean-Simon Leduc, Macha Limonchik et Mylène Mackay.
Kathleen Fortin. * Photo par Valérie Remise.
Rendre la poésie accessible à tous
C’est en lisant un texte à l’enterrement de son père en 2005 que les pouvoirs de la poésie ont ébloui pour la première fois Loui Mauffette. Depuis, il n’a cessé de l’aimer et de vouloir la rendre accessible. Dans le show que nous avons eu l’occasion de voir au CTD’A, il porte encore plus haut son « désir de faire aimer la poésie, de donner des petites bouchées au monde, pour qu’ils entrent dans la parfumerie, se défassent de tout préjugé et entrent à la découverte de l’inconnu ». Loui Mauffette affirme : « Il faut vouloir s’abandonner pour aimer la poésie ».
« Plus on vieillit, plus l’enfance nous rattrape à la surface », déclare Loui Mauffette à propos de son spectacle. Les textes choisis et la mise en scène nous font naviguer dans le monde de l’enfance : vécu, passé, parfois renié, bientôt menacé par la mort des êtres qui nous sont chers et éventuellement, par la nôtre. « Le spectacle est toujours en lien avec l’invisible, la mort. (…) L’enfance et la finalité de la vie, c’est dans tous mes spectacles. » Pourtant, malgré cet aspect sombre, le show est une célébration, pleine de tendresse et d’amour.
C’est un geste théâtral et politique, qui répond à la morosité ambiante, comme le souligne Benoît Landry.« En hommage à tous ces sculpteurs d’imaginaire collectif que sont les poètes, nous nous sommes appliqués à déterrer des trésors enfouis, ajoute-t-il. Nous avons convié les fantômes du passé et les auteurs d’aujourd’hui à une grande fête des mots et des silences, une célébration du bonheur d’être ensemble. »
Du rêve éclaté à la « grande fête des mots »
C’est grâce à ce dernier, avec lequel Loui Mauffette co-signe la mise en scène, que le rêve a pris forme. Cette « stonerie poétique », comme aime à la désigner M. Mauffette est pleine de paroles, d’images, de chansons, « comme un voyage, une hallucination. » Elle ressemble à une toile impressionniste, dont les fragments forment un tout lorsque l’on laisse le tableau se déployer devant nos yeux. Elle est faite de textures différentes, comme un patchwork coloré dans lequel on se blottit.
Cette création a donc nécessité un travail complexe : « Je rêve le spectacle, et à un moment donné j’ai besoin d’aide pour concrétiser mes fantasmes. » Il a fallu relier tous ces textes en désordre, choisis sur un coup de cœur, pour fabriquer un tout cohérent.
Apparemment, les petits défauts importent peu car « C’est une fête de partage. C’est un show populaire, ce ne sont pas des spectacles parfaits, » explique Loui Mauffette. L’important est d’accepter d’entrer dans cet univers onirique, tendre, fou et parfois mélancolique.
Comme il l’explique dans la notice du show :
Enfin, à vous, chers spectateurs, merci infiniment d’avoir laissé vos GPS au vestiaire et d’entrer dans cette forêt des mots avec tout l’abandon nécessaire. Immense bonheur de partager avec vous cette pluie de contradictions humaines.
Billets pour les représentations à la Cinquième Salle de la Place des Arts du 9 au 19 mai 2019
Consultez également :
- Notre critique de Chansons pour filles et garçons perdus
- Le balado « Station PDA » dans lequel Tristan Malavoy discute avec Loui Mauffette :
* Cet article a été produit en collaboration avec la Place des Arts.
- Artiste(s)
- Chansons pour filles et garçons perdus, Kathleen Fortin
- Ville(s)
- Montréal
- Catégorie(s)
- Poésie,
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