Cascadeur

Cascadeur au Festival de Jazz: Entrevue avec Alexandre Longo, l’homme sous le casque

Le musicien masqué Cascadeur, qui fait un tabac en France, est de passage à Montréal pour la première fois de sa vie, dans le cadre du Festival de Jazz. À la veille de ses 3 concerts au Théâtre de Quat’ sous (hier, aujourd’hui et demain), Sors-tu.ca a eu le privilège de rencontrer Alexandre Longo à visage découvert.

Cascadeur. Le sobriquet inspire à lui seul un personnage farfelu. Lorsqu’on apprend que l’artiste porte une combinaison de moto, une cagoule et un casque d’aviateur blanc orné d’une étoile rouge sur scène, il n’y a pas de doute: Cascadeur doit être un hurluberlu rigolo qui se la joue théâtral et propose une musique éclatée.

Crédit: Vincent Idez Franck Esposito

Pourtant il n’en est rien. Dès la première écoute de son premier album officiel, The Human Octopus (disponible en France depuis un an déjà mais lancé au Québec plus tôt cette semaine), on découvre plutôt une pop anglophone à fleur de peau, principalement axée sur le piano et la délicate voix haut perchée. Une architecture ambitieuse de mélodies recherchées, interprétées avec une grâce à faire frémir.

« J’aime bien les paradoxes », lance-t-il d’emblée. Ça, on s’en doutait.

« J’ai toujours été un homme de l’ombre, dans tous mes projets. Et ça m’a toujours plu. Je n’ai jamais eu envie de m’exposer comme doivent le faire les célébrités: montrer mon visage, à répétition. L’idée m’angoissait. Alors j’ai trouvé une façon de monter un projet solo tout en restant dans l’ombre », explique-t-il simplement.

Mais il n’y pas que l’envie de se cacher le visage. Au fil de la discussion, il parait évident que le thème de l’identité le fascine autant que son mystérieux « personnage » de scène fascine les publics. « Je crois qu’en étant masqué, j’arrive à aller chercher quelque chose de plus profond en moi et ça semble toucher les gens », réalise-t-il.

Crédit: Vincent Idez Franck Esposito

Sur scène, Cascadeur pourrait aussi bien s’appeler Astronaute. Les projections, les éclairages et l’ambiance font partie intégrante de l’expérience, qui évoque quelque chose de robotique ou d’interstellaire. Un autre paradoxe avec la musique proposée, qui est bien humaine. « C’est vrai que pour certains, tout ça peut paraître troublant. Mais je crois que les gens apprécient de réaliser que c’est un humain qui se trouve sous le casque ».

Le costume lui a été inspiré par une figurine qu’il possédait enfant. « On me parlait toujours des risques que je prenais avec ce projet: la voix haute, le jeu de piano… Alors j’ai adopté le nom – un cascadeur, au fond, c’est quelqu’un qui traîne des blessures. Et le costume, je le trouvais ridicule et ça me faisait rire. C’était parfait ».

Musicien de formation classique, il a appris tôt le piano, le solfège, la théorie musicale. « Et rendu au début de la vingtaine, j’ai essayé de me joindre à un band reggae mais je ne comprenais rien. Moi, c’était plutôt Chopin. Je n’arrivais pas à suivre sans feuilles (de musique). J’ai du apprendre à communiquer et ça m’a décoincé ».

Vint ensuite le jazz, puis la chanson, qu’il a façonnée à son goût, tirant ses inspirations autant d’Erik Satie que de Radiohead.

Après plusieurs albums produits de façon indépendante, une victoire au prix CQFD (Ce Qu’il Faut Découvrir) des Inrocks en 2008, le terrain était enfin fertile pour que « l’homme de l’ombre » devienne le phénomène Cascadeur. Et le voilà qui débarque à Montréal…

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