Bladee à Igloofest 2025 | Une soirée dans l’univers glacé du rappeur Bladee

Pour une deuxième fois en l’espace de six mois, le suédois Bladee était de passage dans la métropole, mais cette fois dans un contexte bien différent : celui du froid hivernal de Montréal et de l’ambiance festive d’Igloofest.

Quelques minutes avant 22h, une musique de chorale angélique retentit des nombreux haut-parleurs avant de laisser sa place à celui que tout le monde attend. Bladee rentre alors sur scène, arborant un maquillage nettement inspiré du regretté Brandon Lee dans le film The Crow.

En maniant un drapeau sur lequel une croix noire apparait, il commence sa performance avec PARANOIA INTRO, le morceau qui fait office d’introduction à son dernier album, Cold Visions. Cette pièce est tirée d’un vieil échantillon d’une chanson électro espagnol (Barraca Destroy), mais peaufiné avec sa voix voilée par l’Autotune et la production trap de F1LTHY.

En écoutant les paroles de cette première offrande, on comprend que Bladee maintenant trentenaire, a tourné la page sur sa jeunesse. « I got so old, I got embarressed to be even here, you know? » On a l’impression qu’il est entré dans une phase beaucoup plus mature et qu’il ne s’accroche plus à son passé, tout en refusant de se projeter vers l’avenir. Il est comme pris dans une lutte avec lui-même sur l’idée d’avancer et l’impossibilité de quitter l’aspect mélancolique dans lequel il se trouve. Le titre Cold Visions est d’ailleurs très évocateur quant à son état d’esprit.

Sur le plan musical, il a enchainé avec quelques autres morceaux de sa dernière parution, dont WODRAINER, YUNG SHERMAN et SAD MEAL, que la foule scandait sous les flocons éclairés par les projections et les lumières.

Son album Cold Visons, sorti en 2024, marque un certain retour aux sources, tant sur le plan sonore que dans le choix de collaborateurs impliqué dans le projet. Les membres du collectif de Bladee (Drain Gang), quoiqu’ils soient moins actifs ces derniers temps, apparaissent tous quelque part sur l’album, en y ajoutant leur touche personnelle. Musicalement, cela ressemble beaucoup à son album Working on Dying sur lequel on entend des productions traps et répétitives.

L’ajout important sur Cold Visions que l’on retrouve à peine sur WOD est les multiples productions de F1LTHY. Avec les sonorités récursives et percutantes de ce dernier, on a l’impression, tant du côté de l’auditeur que de Bladee lui-même, d’être enfermé dans une boucle sans fin, un écho parfait des thématiques dans Cold Visions.

De plus, avec le froid glacial de la ville, on ressentait encore plus l’aspect de froideur qu’il cherche à représenter. La chanson qu’il a jouée hier, qui évoque le mieux mes propos, est sans aucun doute I DON’T LIKE PEOPLE.

* Photo par Alexanne Brisson.

Pour ce qui est de la construction de ses chansons, on remarque facilement l’aspect de collage musical. Ses pièces sont souvent le résultat d’une mosaïque de couches sur lesquelles il fait un montage de phrases qui se superposent comme pour donner l’effet d’un fondu enchainé au cinéma. C’est d’ailleurs le même principe sur le plan de la production, où l’on peut entendre plein de sons superposés et de références à certains films ou aspect de la culture populaire, par exemple le fameux rire diabolique de Vincent Price dans le vidéoclip de Thriller de Michael Jackson.

Dans la seconde moitié de son spectacle, Benjamin Reichwald de son vrai nom, délaisse Cold Visions pour se concentrer sur un répertoire davantage en phase avec l’esprit d’Igloofest, notamment des morceaux aux accents hyperpop rappelant les Charli XCX et 100 Gecs de ce monde. Les fans de ce genre musical ont pu se réjouir d’entendre Yxguden sur laquelle il prête sa voix, ainsi que sa chanson phare, Be Nice 2 Me, qu’il transforme le temps d’une soirée en morceaux EDM.

Le deuxième passage de Bladee en moins d’un an à Montréal ne pouvait pas mieux tomber que dans le contexte hivernal du festival le plus froid au monde. Les gens présents sur le Quai Jacques-Cartier ont pu saisir l’essence onirique de Bladee et sa vision particulière de la vie dans une performance sans défaut et bien adaptée aux conditions difficiles de l’hiver montréalais.

 

 

Grille de chansons

1. PARANOIA INTRO
2. WODRAINER
3. YUNG SHERMAN
4. FLATLINE
5. SAD MEAL
6. D.O.A
7. Hero of My Story 3style3
8. I AM SLOWLY BUT SURELY LOSING HOPE
9. egobaby
10. Decay
11. I DON’T LIKE PEOPLE (INTERLUDE)
12. I DON’T LIKE PEOPLE
13. END OF THE ROAD BOYZ
14. Gatekeeper
15. Best Buy
16. RED CROSS
17. KING NOTHINGG
18. BBY
19. yxguden
20. Lovenote
21. Who Goes There
22. God
23. Be Nice 2 Me