crédit photo: Maude Bond
Bikini Kill

Bikini Kill à L’Olympia | Un chant du cygne pas du tout triste

Que faire quand t’as manqué la venue de l’iconique band de Kathleen Hanna la dernière fois qu’il passait afin dans le coin (soit le 12 avril 2023 au MTelus)? En bien, tu ne rates pas ta chance mon gars / ma fille et tu vas voir le 2e concert montréalais à vie de Bikini Kill, qui semblerait bien être leur dernier ever (puisque la tournée est présentée comme une tournée d’adieu).

Mercredi à L’Olympia, Hanna était toujours accompagnée de sa fidèle section rythmique, soit Tobi Vail (batterie) et Kathi Wilcox (basse), avec la guitariste de tournée Sara Landeau (en remplacement de Billy Karren).

Né à Olympia (ben oui, comme la salle de spectacle, haha!) dans l’état de Washington, non loin de Seattle, au tout début des années 1990, juste avant que déferle le tsunami grunge, Bikini Kill, c’est LE groupe qui initia l’avant-gardiste et ultra-féministe mouvement riot grrrl, qui inspira des légions de rockeuses de partout.

Après en avoir fait dansé plus d’un.e avec son trio electro-punk Le Tigre (fondé en 1998; qui est aussi passé par ici l’an dernier) et avoir rocké avec son groupe The Julie Ruin (incluant Wilcox et Landeau) et même la grande Joan Jett, Hanna a réanimé son vieux groupe punk à la fin 2017, plus de 20 ans après avoir mis le projet au rancart (suite à une pause maladie, ayant souffert de la maladie de Lyme).

1-2-3-GO!

Après le sympathique set de psych-punk-rock-garage (quelque part entre The Doors et The Cramps, avec une touche de Blues Explosion) du quintette montréalais Theee Retail Simps, la foule était chauffée à bloc pour le chant du cygne de la bande à Hanna.

Le balcon de l’Olympia était peut-être fermé, mais le rez-de-chaussée se trouvait quand même à être joliment rempli. Quelques minutes avant le moment fatidique, on sentait la foule fébrile, excitée de revoir ou d’enfin assister à un concert de ce groupe culte, mené par l’une des plus grandes front-women américaines de notre époque.

En arpentant la salle, on constatait que le public était composé majoritairement de femmes aussi stylées que décomplexées. Ici et là, des punkettes de tout âge et tout acabit s’amusaient, s’autophotographiaient, dansaient, trinquaient et rigolaient en attendant Hanna et sa bande d’enragées engagées.

En plus de plusieurs rockeurs et rockeuses vieillissant.es, la foule comptait également quelques fillettes accompagnées de leurs souriants parents, qui semblaient clairement très contents de pouvoir démontrer à leur progéniture que le punk et le rock, ce n’est (vraiment) pas juste une affaire de gars de type durs à cuire.

Pile à l’heure, après les 9 coups de 21h, Bikini Kill a pris d’assaut la salle, alors que les 4 pétillantes et frondeuses filles semblaient bien décidées à (nous faire) passer un bon moment. Avec son top à paillette et les frous-frous de sa jupette, Hanna était en grande forme, déclamant avec vigueur ses brûlots revendicateurs avec une énergie et un débit qui rappelait ceux des vieux de la veille que sont toujours les OG Jello Biafra et Johnny Rotten.

Au programme, Bikini Kill nous a offert une bien balancée sélection de leur petite discographie, qui n’est constituée que de deux albums pour autant de EP et de compilations. Avant que ne retentisse la très en crisse Suck my Left One, on eut droit à tout plein de petits classiques (dont New Radio, This is Not a Test, Carnival, Sugar, Hamster Baby, Alien She, R.I.P., Reject All American, Capri Pants et Lil’ Red), pour finir avec la cerise sur le sundae, soit l’hymne Rebel Girl, jouée évidemment en rappel.

Prendre la parole

Comme l’an dernier, on eut également droit à moult prises de parole d’Hanna, que la foule a fini par n’écouter hélas qu’à moitié (préférant de loin jaser). Beaucoup d’interventions qui se voulaient souvent amusantes, parfois longuettes (et décousues) et même par moment un poil malaisantes — comme cette diatribe à propos de sa frangine partisane de l’ex-président au teint orange.

Il a aussi été question du bonheur de donner des concerts « all-age » (et de son préado de fils), de l’importance de dénoncer les comportements inappropriés et de trucs plus marrants également (comme le Rocky Horror et les parcs d’amusement). Cependant, lorsqu’Hanna était plus directe dans ses demandes, la voix plurielle de la foule en délire devenait stridente et sa passion, ardente. Rien que du gros fun sale dans toute la salle.

DIY de partout

L’attitude DIY des filles cinquantenaires s’incarnait jusque dans les changements d’instruments, qui ont permis à la batteuse Tobi Vail de venir chanter au-devant de la scène pour deux paires de pièces (donc la truculente Hamster Baby). Avec son énergie débordante, sa robe à fleurs, ses cheveux roses et ses lunettes fumées surdimensionnées, elle nous faisait penser aux filles des B-52s, qui ne se gênaient pas pour danser entre deux couplets chantés.

On ne peut pas vraiment parler de multiinstrumentistes, comme on est dans l’punk. Toutes se débrouillaient pour que ça marche, sans pour autant trop de compliquer la vie. C’était même parfois un peu tout croche, mais c’était ben correct aussi. On aime ça d’même et si t’es pas content, eh bien tant pis. Pour sa part, votre scribe a adoré voir Hanna jouer de la basse, Landeau de la batterie et Wilcox de la batterie ET de la guitare aussi. On appelle ça être dynamique (dynamite?).

Bref, ces 90 minutes passées en compagnie de ces riot grrrls n’auraient pu être mieux investies. Et on les en remercie!

P.S. Pour les fans de potins showbiz, Hanna est mariée à Adam Horovitz (le Ad-Rock des Beastie Boys) et Wilcox à Guy Picciotto (chanteur de Fugazi), alors que Tim Armstrong (leader de Rancid) et Kurt Cobain (feu leader de Nirvana) font partie des ex de Vail. Fin de la parenthèse dédiée aux couples qui rockent.

 

Photos en vrac

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