Avec pas d'casque

Avec pas d’casque lance Effets Spéciaux au Matahari Loft | Quand le temps ramollit

« Je sais que sur l’invitation, ça disait ‘une courte prestation’. Mais si ça vous dérange pas, on va faire l’album en intégral ».


Personne au Matahari Loft n’allait s’en plaindre. C’est pourtant plutôt inhabituel ; normalement, un lancement d’album en formule 5 à 7, c’est trois ou quatre chansons avec dix minutes de remerciements et beaucoup de bla bla, sur scène comme dans la foule.

Mais Stéphane Lafleur et sa bande proposaient qu’on prenne le temps. Et prendre le temps, c’est le mot d’ordre pour Avec pas d’casque. Depuis le début et plus que jamais maintenant.  Les fans du groupe ont appris à adopter – et surtout à apprécier – ce genre de rapport à la lenteur.

Tout ça pour dire que personne n’allait s’en plaindre. Et ce, malgré la chaleur combinée d’une centaine de corps entassés dans le loft d’artiste mal aéré au-dessus d’un Dollarama de l’avenue Mont-Royal. On se croyait dans un sauna. Pendant une heure, il s’est probablement perdu plus de sueur dans le Matahari qu’au gym l’autre bord de la rue.

Je suis venu te dire que je ne changerai pas
Mais si tu veux t’étendre dans mes travers
Il reste un peu de vieille lumière
Autour

Et sur ces jolies paroles introductoires tirées de la chanson Autour, c’était parti. De toute façon, on parle de « prendre son temps », mais il faut dire que le nouvel album d’Avec pas d’casque ne contient que neuf chansons, qui totalisent tout juste quarante minutes.

Mais on dirait que le temps s’arrête quand on l’écoute. Ça doit être ça les « effets spéciaux » auxquels le titre fait référence – parce que l’album brille justement par son absence d’artifice.

C’est tout beau, tout calme, limpide. Les mots y sont épurés, les images simples et efficaces. Les arrangements sont plus discrets que sur l’excellent Astronomie de 2012.

Ce rapport au temps dont on parlait, il revient souvent dans le champ lexical.

« J’arrive à pleine lenteur », peut-on entendre au refrain de la très jolie Il fait noir de bonne heure.  Ou encore « Lentement / Je vide ma tête / Lentement », au dernier refrain de Derviches tourneurs, segment où le tempo, justement, ralenti brusquement.

C’est là la grande force d’Avec pas d’casque. Les mots de Stéphane Lafleur seraient suffisants. Mais le batteur Joël Vaudreuil, le guitariste-bassiste-lap-steeliste Nicolas Moussette et le nouveau membre en règle du désormais-quatuor Mathieu Charbonneau excellent dans l’art de décorer avec parcimonie la sacro-sainte plume du prodigieux poète-chanteur. Ils y mettent tout juste ce qu’il faut pour embellir ici, nuancer là et accompagner lorsque c’est tout ce qu’il faut.

Sur la scène aménagée au milieu du Matahari Loft, Simon Trottier (qui fait partie de Timber Timbre avec Charbonneau) ajoutait quelques notes de guitares électriques, et Guillaume Bourque soufflait la clarinette. À l’occasion, Maxime Veilleux (du groupe Le Trouble) venait aussi jouer des congas (!).

Ils étaient donc parfois 7 sur scène, et pourtant, rien ne dépassait. Ce n’était jamais trop. Et surtout, on pouvait bien entendre Stéphane Lafleur nous déverser sa douce poésie de sa voix joliment nonchalante.

Tout cela baignait dans une atmosphère de relative bonne franquette. La vraie patente, ce sera le spectacle de tournée, qui visitera plusieurs villes jusque tard en 2017. Et la rentrée montréalaise aura lieu le 3 novembre prochain, au Club Soda, en ouverture de Coup de coeur francophone.

En attendant, on écoute en boucle Effets spéciaux, qui s’inscrit parfaitement dans la lignée du EP Dommage que tu sois pris.  Un très bel ajout à la discographie de la formation.

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