Armand Hammer

Armand Hammer au Bar Le Ritz PDB | Un duo parfait

Hier soir au Bar Le Ritz PDB, les amateurs de rap « underground » ont été servis par le duo Armand Hammer, composé des rappeurs Billy Woods et ELUCID. Ces derniers étaient de passage dans le froid montréalais dans le cadre de leur tournée au nom de leur plus récente parution, We Buy Diabetic Test Strips.

 

Armand Hammer

Vers 21h30, le duo de quadragénaires new-yorkais foule la petite scène du Ritz dans une ambiance très sombre aux allures infrarouges. Ils commencent leur performance sous des sons de téléphones qui composent presque l’entièreté du premier morceau, Landlines, de leur tout dernier album, We Buy Diabetic Test Strips, sorti en septembre 2023.

À la suite de cette introduction, Billy mentionne que c’est leur premier spectacle en cette nouvelle année, et qu’il verra ce que cela va donner. Ils enchainent avec deux autres pièces de ce projet, je parle ici de Woke Up and Asked Siri How I’m Gonna Die et When It Doesn’t Start With a Kiss.

Les trois enregistrements sont tous produits par JPEGMAFIA. On entend donc facilement l’influence de JPEG, surtout par l’utilisation de sonorités abstraites et de textures bizarres. Par exemple, des sons de machines électroniques, des bruits de bulles, des voix de femmes radiophoniques ou bien du clavecin robotisé, pour ne nommer que ceux-ci. Bref, le travail derrière ces projets est chirurgical, mais qu’en est-il du côté des paroles?

En écoutant ces dernières et en regardant les pochettes choquantes de leurs albums, on comprend qu’Armand Hammer dénonce plusieurs causes comme la corruption aux États-Unis, avec les ventes de « diabetic test strips », ou bien la maltraitance animale, avec les têtes de cochons morts affichés sur l’album Haram, sorti en 2021.

Il y a aussi beaucoup de références à la culture populaire, notamment sur la deuxième chanson du spectacle où Billy Woods fait référence au X-Men Wolverine, de l’univers Marvel : « Healing factor with the claws Weapon X décolletage ». Ici, il y a clairement un engouement pour le retour de ce super-héros dans le prochain film Deadpool, qui est d’ailleurs très attendu.

 

Bien plus qu’un simple duo!

Les amateurs présents samedi soir dernier n’étaient pas juste là pour entendre des morceaux issus du groupe, mais bien aussi pour apprécier le talent séparé des talentueux rappeurs. Commençons par Billy Woods.

Lors de son passage, il en a profité pour interpréter des chansons de son répertoire solo. Il a pigé dans son plus récent album, Maps, en collaboration avec Kenny Segal et sorti en 2023. Le disque figure dans plusieurs top cinq des albums de l’année de certains sites de musique. Il a donc joué Zero sans la partie de Danny Brown, mais aussi des pièces comme Spongebob, de son album Hiding Places, encore en collaboration avec Kenny Segal.

La performance de Woods était très impressionnante de par sa voix puissante et son débit intraitable. Parfois, il avait l’air de s’étouffer, mais la seconde d’après, le rappeur enchainait des versets pendant plus d’une minute. À la fin du spectacle, il a expliqué qu’il n’était pas là pour le « soundchek », ce qui explique sa plainte par rapport au son trop fort, avec raison.

De son côté, ELUCID a joué quelques morceaux, dont la percutante Smile Lines sur laquelle il y a d’excellentes lignes de guitare électrique. L’artiste a été peu moins présent que son partenaire, surtout dû au fait qu’il agissait en tant que DJ pour la soirée, je parle ici de s’occuper de la « setlist » évidemment. Petite anecdote, ELUCID a débuté une pièce, et la seconde où Billy l’a entendu, il a dit « ah, not tonight ».

La complicité entre les deux rappeurs était très présente, surtout lors des chansons à deux où ils se lançaient des versets à tour de rôle dans une fluidité parfaite. L’un des moments particulièrement apprécié par la foule, c’est lorsque le duo a interprété Falling out the Sky, une chanson sur laquelle Earl Sweatshirt collabore ainsi que Tablula Rasa. La pièce jazzy vient du dernier album de Earl.

Le spectacle s’est terminé sur The Key Is Under The Mat, le morceau de clôture de leur plus récente offrande. Les deux habitués de Montréal, eux qui en sont à leur troisième visite depuis 2021, ont su faire plaisir encore une fois à leur public fidèle. Par contre, cette fois-ci, ils ont offert la majorité du temps du matériel issu des projets sortis en 2023, pour qui la critique ne tarit pas d’éloges.

 

Photos en vrac

Armand Hammer

 

Quinton Barnes (première partie)

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