
Arch Enemy et Martyr à l’Olympia | L’art de mettre une foule dans sa poche
Rarement avait-on vu une foule aussi divisée que celle qui était venue assister au Blood Dynasty 2025 Tour d’Arch Enemy mettant en vedette les légendes de Martyr, le 8 mai 2025 dernier, à l’Olympia. Il y avait les « vieux routiers » qui venaient d’abord voir Martyr et, accessoirement, « le headliner », puis les adorateurs d’Arch Enemy. Mais tout ce beau monde s’est mêlé et s’est incliné dans cette soirée où le talent québécois était à l’honneur.
Qu’on se le dise : hier, c’était la soirée de Dan Mongrain et d’Alissa White-Gluz. On était venus les voir eux, précisément. Les autres membres de leurs groupes ont dû s’y faire. Le chanteur et guitariste du groupe Martyr et la parfaite meneuse du géant Arch Enemy n’ont fait qu’une bouchée des milliers de spectateurs qui s’étaient entassés pour les voir, les mettant dans leur poche avec une facilité déconcertante.
Oui, les fans présents étaient pour la plupart déjà vendus, mais ils en sont repartis encore plus accrochés.
ARCH ENEMY
Ceux qui ont déjà assisté à un spectacle de ce band suédois de haut niveau savent de quoi ils sont capables. Mais hier, tout fonctionnait à la perfection. Est-ce l’énergie débordante de la Montréalaise d’origine Alissa White-Gluz qui a fait la différence? Est-ce les monstres de la guitare Michael Amott (fondateur) et Joey Concepcion qui ont tout déchiré qui ont pesé dans la balance? Est-ce le dévouement des fans qui chantaient à tue-tête qui a ajouté une couche à l’évènement ? C’est plutôt un tout, un ensemble très bien rodé, mais dans lequel il y avait encore une grande chaleur et une âme, une grande beauté dans tous les sens du terme.
D’emblée, White-Gluz est une bombe de charisme et de générosité. Elle est envoûtante. Point. Rien à voir avec Tatiana Shmayluk, de Jinjer, qui est plus calme et posée. L’auteure-compositrice-interprète et chanteuse d’Arch Enemy, qui allie un chant guttural et un chant lyrique très maîtrisés, est née pour être sur une scène et le prouve chaque fois qu’elle y monte, crinière bleue dansante et costume une pièce « glow in the dark » en prime.
Elle était visiblement emballée de performer dans sa ville natale, dans une salle pratiquement remplie à capacité, les nouveaux opus du 12e album de la formation, Blood Dynasty, lancé en mars 2025, mais également des anciens, qui allient death métal mélodique, metalcore et power métal. Elle a multiplié les adresses au public portant sur ses origines et son amour pour la ville au travers: « Allez! Montrez à ces Suédois juste ici derrière moi comment ça fonctionne à Montréal! », a-t-elle lancé en riant aux fans, qui arboraient majoritairement la marchandise nouvelle et passée du band.
Au total, c’est quelque 18 chansons qu’elle a craché avec ses comparses en une heure trente, dont les Dream Stealer, War Eternal, My Apocalypse et Nemesis, en rappel. La pièce française Vivre libre, tirée du dernier album et qu’elle a interprétée de manière plus sobre, aurait pu être une erreur et tuer l’ambiance, mais non. Elle a permis d’entendre l’étendue de ses capacités vocales, autres son « grawling » signature, ce qui a plus à la foule qui hurlait en toute fin, avant que ne résonne un lourd contrepoids, First Day in Hell.
La perfection de la patente a fait en sorte que, fait rare, la presqu’entièreté de la foule est restée jusqu’à la toute fin pour ne rien manquer de l’expérience, ce qui leur aura valu d’assister en plus à une pluie de ballounes géantes à l’effigie du groupe qui ont volé jusqu’à la dernière note.
MARTYR UN JOUR, MARTYR TOUJOURS
Mais y avait-il vraiment plus heureux dans tout L’Olympia que Dan Mongrain? Le géant de la musique métal était si fier de fouler les planches montréalaises que s’en était émouvant (surtout de près dans la fosse des photographes). C’est que les prestations de Martyr, dont il est le fondateur, le chanteur et l’un des guitaristes, s’étaient faites bien rares pendant plusieurs années avant un retour l’an dernier. Et les admirateurs de la première heure n’auraient pas manqué pour tout l’or du monde cet événement visant entre autres à souligner les 25 ans de l’album phare Warp Zone.
La formation a offert une leçon de death métal technique dans sa plus pure expression, où toute la place était laissée à la musique et au talent des membres. Dire que « ça rentrait » et que c’était « du lourd » est un euphémisme puisqu’ils nous ont bâti un mur de son dès la première chanson. Ça bougeait peu sur le parterre; ce n’était pas le temps de « pitter » ou de danser, c’était le temps d’observer et de prendre des notes pour apprendre comment on fait ça, du métal.
Le Trifluvien internationalement reconnu, notamment à cause de son autre orchestre mythique, Voïvod (dont au moins un membre était venu le voir les yeux grands), a promis à ses disciples de revenir très bientôt dans une formule plus longue dans une touchante adresse. On a déjà hâte.
BAEST
Plus tôt dans la soirée, L’Olympia s’est rempli d’un coup alors qu’entraient en scène les gars de Baest au terme d’une intro enregistrée interminable. Mais on ne payait rien pour attendre : le groupe du Danemark, formé en 2015, mais présentement en pleine ascension, en a mis plein la vue.
Il faut vanter les talents de « showman » et la voix très grave et impressionnante de Simon Olsen, qui arborait un look qui se rapprochait plus de celui d’un chanteur de punk obscur que du « metalhead », les refrains et solos écrasants et le fait que les cinq membres du band ont pris complètement possession de la scène avec une énergie contagieuse pendant toute leur prestation.
On a vite compris pourquoi la formation est vouée, selon plusieurs, à devenir l’un des meilleurs groupes de death métal issus des pays scandinaves en longtemps. On allait se souvenir d’eux, contrairement à leurs prédécesseurs.
THROWN INTO EXILE
Il aura fallu attendre leur quatrième chanson, plus assumée et plus pesante, pour voir ce qui a valu à Thrown Into Exile de gagner la compétition Road to Mayhem en 2012. Le band de métal de Los Angeles mené Evan Seidlitz et sa voix grinçante qui ouvrait la soirée était un bon choix pour chauffer la salle, mais étaient disons, oubliables, pour un spectateur qui voit plusieurs dizaines de concerts par année. Leur style ressemble à ceux d’une tonne d’autres; c’est bien rendu, efficace, la présence de Seidlitz est marquée, mais il manque ce petit quelque chose auquel on était en droit de s’attendre sachant qu’ils ont déjà joué sur les mêmes cartes que les Slayer, Sepultura et Motörhead de ce monde.
Après toute cette effervescence, reste à savoir si la succession de shows de Bullet for my Valentine et Trivium (3 mai), Chaos and Carnage 2025 (6 mai), Bush (7 mai) et Arch Enemy et compagnie aura laissée assez de jus aux admirateurs de grunge et de métal, bien que faits forts, pour Obituary ce soir au Club Soda.
- Artiste(s)
- Arch Enemy, Baest, Martyr, Thrown Into Exile
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- L'Olympia
- Catégorie(s)
- Death metal, Deathcore, Heavy metal, Métal, Metalcore, Thrash metal,
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