Anomalie et son Big Band au Studio TD ou l’art d’épater la Galerie
Fort de son tout dernier album, Galerie, paru en avril 2022, c’est au Studio TD qu’Anomalie aussi connu sous le nom de Nicolas Dupuis, se produisait ce mardi soir en compagnie de son glorieux Big Band. Ce projet à grand déploiement qu’il chérissait depuis plusieurs année a donc éclos en cette soirée froide de milieu de semaine. Qu’à cela ne tienne, c’est une foule plutôt jeune, et qui plus est en fin de session, qui s’était déplacée bien enthousiaste d’entendre le Montréalais version Big Band, ce qui contraste avec sa tournée mondiale dont il revient tout juste et qu’il a effectué avec son quatuor habituel.
Anomalie, pianiste et leader du groupe, a métamorphosé ses pièces pour les faire sonner sur pas moins de cinq saxophones, quatre trombones et trois trompettes en plus de la basse, du clavier, de la batterie. Le style très électro et la production très léchée de son répertoire s’est révélé beaucoup plus riche en sonorités lorsqu’on a tous ces instruments «dans la face». On va se le dire, la scène manquait un peu de profondeur et d’estrades pour qu’on puisse bien apprécier les sonorités de chacun.
Dès les premières notes, l’arrivée fracassante du Big Band sur la première pièce du spectacle, Daybreak qui dans sa version originale est très saccadée, nous prend par surprise. Là, comme une avalanche littéralement, les cuivres et saxophones ont donné le ton pour une soirée très organique où le groove allait venir faire hocher la tête du plus «stiff» des spectateurs.
La prestation n’a pas manqué de bien mettre en valeur les membres du Big Band en question. Sur Dribble, Philippe Brochu-Pelletier au saxophone ténor fait voler la mélodie avec une facilité désarmante. On a pu assister au dévoilement de grands talents.
Exploitant bien les forces de l’ensemble, Anomalie a mis un peu le piano en veilleuse pour quelques pièces afin de bien explorer les nouvelles avenues que lui permettent le fait d’avoir 15 musiciens sur scène.
La troisième pièce Bond fait briller les trompettistes, notamment le souffle de Hichem Khalfa qui a fait vibrer la foule à plusieurs moments. Plus rapide et plus douce sur l’album, les arrangements et la performance des musiciens rendent cette pièce beaucoup plus profonde et intéressante. Cela laisse à penser qu’une version live de ce collage d’albums ne serait pas ennuyante du tout à mon avis. Le son n’était pas le meilleur vue la scène très petite pour le nombre de musiciens mais dans les circonstances on a pu entendre l’essentiel, sauf quelques moments un peu plus cacophoniques.
La foule à commencer à se dégourdir les jambes lorsqu’ils ont enchaîné avec Crescent, pièce plutôt dansante et bien appuyées par les lignes de basse de Gabriel Lamarre-Charrette. Formant le groupe habituel avec ses acolytes le claviériste Alexis Elinas et Ronny Désinor à la batterie, le rayonnement des musiciens ne s’est pas arrêté là. On dit souvent que le style jazz peut paraître assez hermétique lorsqu’un musicien s’évertue à enchaîner des partitions mentales en laissant plusieurs auditeurs dubitatifs en chemin. Cependant, dans les prestations offertes ici, les improvisations étaient serrées, très bien exécutées et la balance de son adéquate a permis de faire la découverte d’excellents musiciens. Il manquait peut-être un chef d’orchestre, le leader étant occupé au piano, il va sans dire que c’était dans les regards que passait la communication.
Dans Métropole, pièce phare du premier album, on commence en version « réduite » donc piano et 5 saxophones, cela donne lieu à des arpèges fascinants de Anomalie et un solo de batterie incroyable.
L’ensemble a donc enchaîné les pièces mêlant le nouvel opus aux anciens tout en ne manquant pas de souligné le temps des fêtes. Après avoir ajouté un élément de scène crucial au décor, un petit lutin, Anomalie nous a offert une version jazzée de la Danse de la fée dragée du ballet Casse-Noisette. De manière générale , on sait qu’on peut danser sur du Tchaïkovsky mais on ne savait pas qu’on pouvait groover là-dessus littéralement. Le groupe a donc opéré sa magie sur Tchaïkovsky et c’était tout à fait réussi.
Sur ce projet, les nombreuses improvisations du Big Band en ont mis plein la vue au public rassemblé au Studio TD. Cette prestation était d’ailleurs filmée par une équipe professionnelle. Je vois surtout l’intérêt éventuel d’une version d’album live avec Big Band, mais nous verront bien ce qu’ils feront de ces images. C’était la toute première fois qu’Anomalie se présentait avec son Big Band mais parions qu’il y aura surement d’autres occasions vu le plaisir manifeste des musiciens sur scène.
Photos en vrac
- Artiste(s)
- Alexis Elina, Anomalie, Anomalie Big Band, Gabriel Lamarre-Charette, Hichem Khalfa, Nicolas Dupuis, Philippe Brochu-Pelletier, Ronny Désinor
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Le Studio TD
- Catégorie(s)
- Instrumental, Jazz,
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