crédit photo: Patrick Fouque
Angélique Kidjo

Angélique Kidjo à l’OSM | La culture béninoise à l’honneur

La grande Angélique Kidjo est de passage au Québec le temps de quatre concerts. Après deux soirées intimes à Québec, retour sur son passage à la Maison symphonique sous la baguette de la cheffe d’orchestre Elena Shwarz hier, le 19 mars 2025.

La chanteuse du Bénin ne sort pas de nulle part. Baignant dans la musique depuis son plus jeune âge, Kidjo se fait découvrir en Occident alors qu’elle vit en France au tournant des années 80. Plus tard signée chez Island Records, puis chez Columbia, elle tourne à l’international, chantant avec certains des plus grands noms du jazz, de la soul et du blues, multipliant les concerts bénéfices d’envergure pour la lutte contre le sida et la pauvreté, notamment. Son engagement dans plusieurs causes lui vaut d’être admise comme ambassadrice internationale de l’UNICEF, alors que sa musique lui rapporte 5 Grammys, un en musique contemporaine, les autres en musique du monde.

Collaboration avec Philip Glass

Si son passage dans la Vieille Capitale est axé autour de son projet Les mots d’amour, mené aux côtés du pianiste Alexandre Tharaud avec qui elle revisite certains grands succès de la pop francophone, allant de Dalila à Pierre Lapointe, ses dates à Montréal sont plutôt deux arrêts d’une tournée dûment intitulée Angélique Kidjo chante Glass.

Glass comme dans Philip Glass, l’un des noms les plus célébrés de la musique classique américaine. En 2014, il compose pour l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg une pièce en trois mouvements destinée à mettre en musique des poèmes de Kidjo rédigés en langue yoruba. Le résultat? Une œuvre d’une vingtaine de minutes intitulée Ifé.

La musique orchestrale reprend tous les codes minimalistes de Glass, mais y insuffle des rythmes plus éclatés, des textures moins lisses que ce qu’on lui connaît, et surtout, font la part belle à la voix de la chanteuse béninoise. Les textes, eux, nous offrent une cosmogonie prosaïque tirée de la culture ancestrale de Kidjo dans un vibrant exemple de partage.

L’Orchestre symphonique de Montréal aura hier fait honneur aux deux artistes avec une interprétation juste. La chanteuse, elle, ne laissera pas paraître son âge. Oui, à 64 ans, elle a perdu un petit peu de coffre; qui ne l’aurait pas? Mais elle brille toutefois par son expressivité et son implication dans les textes qu’elle nous livre.

La nature au programme

Outre Ifé, le programme des dates montréalaises comprend une suite orchestrale de La Petite Renarde rusée, opéra du compositeur tchèque Leoš Janáček. On se demande d’ailleurs si le choix musical ne serait pas voué à publiciser l’une des surprenantes inclusions à la programmation 2025-2026 de l’Opéra de Montréal, soit Jenůfa du même artiste.

Dans tous les cas, la thématique globale de la soirée donnera tout son sens à la sélection des trois pièces, celle de Kidjo et Glass parlant de la création du monde et de sa nature, celle de Janáček avec sa thématique animale et campagnarde et, pour conclure le programme, la 6e symphonie de Beethoven, sa célèbre « Pastorale ».

Quoiqu’interprétée correctement, la première des trois ne marque pas vraiment, dans l’attente de la star de la soirée (plusieurs quitteront d’ailleurs à l’entracte, tout de suite après le passage de Kidjo). La symphonie sera cependant un beau succès, avec une section de cuivres particulièrement en forme.

Il reste encore une représentation du concert Angélique Kidjo chante Glass, programmée ce soir à l’OSM. Billets disponibles ici.

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