crédit photo: Pierre Langlois
Andy Summers

Andy Summers au National | L’art de transporter son prochain

Entre le génie contrôlant de Sting et la folie de Stewart Copeland, on retrouve la créativité du troisième ex-Police, Andy Summers. Pourtant, les inspirations du guitariste anglais, de passage au Québec, prennent leurs sources loin de ce mythique groupe dans son nouvel opus sur scène, The Cracked Lens + A Missing String. À la fois musical et visuel, le spectacle d’Andy Summers plonge l’auditoire attentif du National dans ses passions ardentes et ses souvenirs les plus riches.

La bruine s’épaissit, il commence à tomber des cordes à l’extérieur. Un parfait prétexte pour rentrer dans Le National. Et ce, sans arriver en retard, puisqu’Andy Summers empoigne sa guitare et débute sa performance à 20h tapante, sans première partie.

En gagnant la salle, il semble clair d’emblée que le concert d’Andy Summers ne s’adresse pas forcément aux fanatiques de la première heure de The Police : seul sur scène, le guitariste s’adonne à des mélodies penchant plutôt vers l’expérimental que vers le rock sur son ouverture, True Nature, projetant derrière lui des clichés personnels.

L’artiste, en plus de se reposer sur une technicité hors pair de son instrument, se passionne pour la photographie depuis des décennies déjà.

 

Le Policier fait cavalier seul

Se concentrant davantage sur sa guitare que sur le public, éclairé timidement, il apparaît d’abord compliqué de se plonger dans l’ambiance particulière de cette soirée avec Andy Summers. Aucun instrument n’accompagne l’artiste sur scène, une trame préenregistrée se charge d’enrichir les compositions du musicien.

Ce choix artistique qui se présente au début de la soirée comme un point ennuyeux, du moins, pour les habitués des concerts flamboyants, se transforme peu à peu en une expérience plus qu’agréable pour l’auditoire.

The Cracked Lens + A Missing String se rapproche davantage d’une rencontre avec l’autre que d’un spectacle classique : vers la deuxième moitié de la soirée, Summers lâche sa guitare pour raconter au National ses plus beaux souvenirs de voyage de longues minutes, l’homme qui a parcouru les quatre coins du globe dans le courant de sa vie. Toujours coloré de cet accent du Royaume-Uni, ajoutant au charme du personnage déjà attachant.

Il ne faut pas venir simplement pour la musique, il faut se déplacer pour l’humain, pour le tact du guitariste. Il faut être prêt à recevoir cet élan de passions.

Une mention à l’interlude du spectacle, où l’on retrouve une vidéo, projetée sur une toile blanche, de Summers marchant dans les rues d’une ville asiatique, avant d’entendre dans un modeste karaoké environnant une version d’Every Breath You Take. Sans hésitation, le guitariste pénètre dans l’établissement, les sourires se forment de part et d’autre et la poignée d’admirateurs présents immortalise le souvenir.

Comme quoi, jouer dans l’humilité et la simplicité paie bien plus souvent que son contraire.

 

Polyvalent

Si la musique n’occupe pas la seule place dans le concert d’Andy Summers, le quatrième art constitue tout de même le point d’ancrage de ce vendredi 6 octobre au National. La palette du guitariste est grande : l’artiste s’aventure autant dans la musique planante que vers la bossa nova, sur une reprise de Manhã de carnaval, sans oublier son attachement au jazz et, évidemment, son lien presque malgré lui avec The Police.

« We’re all good friends… they say », glisse Andy d’une manière amusante après Tea in the Sahara, logique quand on sait de quelle manière le trio s’est quitté.

The Police lançait en 1977 son premier album, avant que les membres tirent un trait sur l’aventure vers le milieu des années 1980.

Même pas 10 ans.

Le trio performait devant des foules à perte de vue, enchaînait les succès en plus d’avoir signé l’un des morceaux les plus populaires de l’histoire, Every Breath You Take.

Mais, encore une fois, l’histoire de Sting, Copeland et Summers ne s’est même pas échelonnée sur une simple décennie.

L’ancien guitariste de The Police, âgé de 80 ans, en a vu d’autres passer.

Summers sait toutefois pertinemment que le public met la main au portefeuille entre autres pour apprécier ces chansons sur les planches : des indémodables du groupe tels que Roxanne ou Spirits in the Material World seront interprétés durant la soirée, combinés à son répertoire original.

Après avoir fait part de ses films préférés dans le cinéma où il se rendait lorsqu’il était enfant, des classiques européens, ou parlé des ouvrages de photographies parus à son nom, Andy Summers clôture sa performance avec Bring on the Night et Message in a Bottle, en rappel, après presque deux heures sur les planches.

« I don’t think you’ve ever heard of this one, but we’ll see how it goes », glisse-t-il ironiquement avant le dernier morceau.

Intimiste et humain.

Il nous faut bien ça avant la grisaille des prochains jours.

Grille de chansons

1 – True Nature

2 – Metal Dog

3 – The Last Dance of Mr. X

4 – Tea in the Sahara

5 – ‘Round Midnight

6 – Spain

7 – Roxanne

8 – Manhã de carnaval

9 – A Felicidade

10 – Triboluminescence

11 – Spirits in the Material World

12 – Bring On the Night

Rappel

13 – Message in a Bottle

Photos en vrac

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