AD LIBITUM #4 | Un programmateur, quossé ça ?
Alors que les festivals annoncent tour à tour leurs programmations, les gérants d’estrade sortent de leur tanière et chialent haut et fort. « Comment ça se fait qu’ils ont pas booké LCD Soundsystem ? Pourquoi n’y a-t-il pas Serge Gainsbourg en personne aux FrancoFolies au lieu d’un hommage ? Mon p’tit cousin a un band méconnu vraiment meilleur que leurs têtes d’affiche ! C’est quand la dernière fois qu’un festival a réussi à attirer Bob Marley à Montréal, hein? » Bref, le métier de programmateur de festivals est un peu sous-estimé, c’est le moins qu’on puisse dire. Sors-tu.ca a jugé bon inviter Steve Marcoux, programmateur de Coup de coeur francophone, à prendre la parole une fois par mois et déboulonner les mythes de son métier dans le cadre de notre série Ad Libitum. Voici sa lettre adressée à ses futurs lecteurs (et à sa famille).
Salut Internet,
Comme c’est ma première chronique sur Sors-tu.ca je me dois un peu de me présenter. Question que tu saches un peu qui tu lis actuellement. Tsé, la base. Si tu es dans mes amis Facebook, tu peux sauter cette partie. Passons l’enfance, je garde cette partie pour ma biographie que vais faire paraître quand je vais avoir gagné, mettons 3 Félix.
J’agis à titre de programmateur de Coup de cœur francophone depuis maintenant 6 ans. Six ans à présenter près de 110 spectacles francophones sur 11 jours à Montréal dans une douzaine de salles, mais aussi coordonner un réseau pan-canadien dans 45 villes qui présente près de 100 spectacles francophones annuellement. Bien oui toi, il y a des francophones au Canada, puis ils écoutent de la musique. Pas juste du Nickelback. Certains doivent en écouter aussi, je t’avoue que je ne vérifie pas leurs Phone à tous.
Bref c’est ça ma job, faire de la programmation. Un job qui n’était assurément pas dans le livre qui décrivait l’éventail des emplois disponibles dans le cours « Initiation aux choix de carrières » au secondaire. J’ai toujours cliqué sur le métier « encadreur de cadre » dans ce livre, quel bel emploi. Peut-être un jour… en attendant, je programme.
C’est quoi programmer ?
Cette chronique mensuelle sera pour toi lecteur, mais aussi pour ma famille.
Même après 10 ans à faire de la programmation musicale de festivals et salles de spectacles, quand je les vois et qu’ils me demandent mon boulot je vois les petits yeux se plisser. Se plisser encore plus. Ils se plissent vraiment encore, encore plus. Puis ensuite ils me disent: « Heille as-tu écouté cette semaine En direct de l’univers/La Voix/Belle et Bum/Tout le monde en parle/Code F ? »
C’est pas clair de quoi c’est fait cette job. Je les comprends. (Sauf d’écouter En direct de l’univers, ça je ne comprends pas trop j’avoue). Mais c’est quoi les enjeux liés à la programmation de spectacle, les exclusivités, les guerres de cachets, les défis de billetterie, bref c’est un peu de tout ça que je vais te parler mensuellement ici sur Sors-tu.ca.
« Comment ça, tu me bookes pas ? »
Le premier rêve qu’on a quand on commence à faire de la musique c’est évidemment de pouvoir présenter son projet sur scène. Sur des scènes qu’on connait, qu’on fréquente, des festivals dont on aime la programmation l’esprit.
Arrive donc l’étape d’envoyer ton dossier à des festivals. Je ne parle pas ici d’artistes qui ont accès à des professionnels pour les représenter. Ça on y reviendra dans une autre chronique, mais bien des artistes s’autoproduisissent.
Réglons un mythe tout de suite, il est bien rare, très rare qu’un festival programme un artiste qui n’est pas passé par un concours, qui n’a pas un EP, ou quelques chansons de disponibles, des fans FB, un mini « buzz ». Il faut avoir quelques éléments parmi ça. C’est essentiel. On aimerait présenter plus d’artistes inconnus. Donner plus de « chances » mais encore faut-il la donner au bon moment cette chance. Que le projet soit prêt à passer à une autre étape. Prêt à être vu par les professionnels présents sur le festival. L’artiste pense peut-être que c’est le temps d’être présenté mais l’équipe de programmation non. C’est plate mais ça fait partie du jeu.
Faut-il pour autant envoyer un dossier aux festivals ?
La réponse est OUI! Évidemment. Envoyez un dossier au festival met le projet sur le radar. Il fait en sorte que le projet est un peu plus connu.
Encore faut-il bien présenter le projet. Avoir une présence web cohérente, une page Facebook actualisée avec des fans – des vrais idéalement – pouvoir entendre vos chansons sur l’internet. Pas dans des pièces jointes par courriel, sur l’Internet direct. Il existe de si belles solutions pour les héberger vos chansons, utilisez-les.
Accessoirement avoir un bon nom de groupe aide, mais c’est un autre sujet. À partir de ça, MAGIE, vous existez, les programmateurs vont peut-être même faire un petit like pour suivre vos actualités et éventuellement vous allez peut-être être programmé.
Une belle fin de chronique #1
Dans le dernier paragraphe j’ai dit « éventuellement vous allez peut-être être programmé », ce n’est pas aussi simple que ça, être programmé. Mais je voulais vraiment avoir une fin heureuse pour cette première chronique. On se revoit dans un mois. D’ici là, essayez de manger autre chose que des châteaux de saucisses à la Nicolas.
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