Entrevue avec Dry The River | Renouveau musical entre l’Islande et l’Angleterre
A l’occasion de sa venue à Montréal dimanche, Sors-tu.ca a pu rencontrer Peter Liddle, le chanteur du groupe anglais Dry The River. Alors que les autres membres du groupe nous ont dit qu’il était parti avant eux du restaurant en direction vers l’entrevue, nous avons cru qu’il s’était perdu… Avant qu’il n’apparaisse, tout sourire, vingt minutes plus tard ! En bordure du hall, nous avons parlé de leur album sorti cette année : Alarms in The Heart.
Un album enregistré en partie en Islande
Après leur premier album Shallow Bed, sorti en 2012, qui leur a permis de se faire une place sur la scène folk-rock anglaise, les membres de Dry The River ont décidé de changer d’horizon pour leur 2ème album. Alors qu’ils avaient enregistré leur 1er opus aux Etats-Unis, ils se sont tournés vers le nord cette fois-ci.
Les membres de Dry The River connaissaient en fait un producteur islandais, Valgeir Sigurðsson, avec lequel ils pensaient au départ travailler sur l’arrangement des instruments à cordes. En discutant avec le producteur, le groupe a réalisé l’opportunité qu’ils avaient d’enregistrer sur cette grande île qu’est l’Islande. Cette expérience leur a finalement donné l’occasion de sortir de leur quotidien. « Aller en Islande nous a permis de nous séparer physiquement des distractions que l’on connaît à Londres et ça nous a rendus plus libres. Nous nous sommes concentrés sur les tâches à faire. C’était un peu comme être sur la lune d’une certaine manière, c’était comme un paysage extraterrestre, car c’était loin de tout ce qu’on connaissait, de la famille, et des amis. »
Le groupe a ainsi enregistré une partie de son album en Islande, ce qui se ressent d’ailleurs à l’écoute. La proximité avec la nature, des espaces moins civilisés rendent un côté plus brut à Alarms in The Heart.
Entre l’Islande et l’Angleterre
Le groupe pensait qu’il pourrait finir l’enregistrement de son album en 6 semaines en Islande. Les 6 semaines écoulées, Dry The River s’est rendu compte qu’il ne finirait pas l’album là-bas, donc le groupe est rentré au Royaume-Uni pour terminer son travail. Après un passage à Londres, puis en Ecosse, l’enregistrement s’est terminé dans le Devon, au sud de l’Angleterre. « Au final, tout l’enregistrement nous aura pris plus d’un an. Nous ressentions une vraie sensibilité sur cet album à la fin, et nous ne voulions pas nous arrêter d’enregistrer d’un coup. Nous voulions cristalliser les sentiments que l’on ressentait sur l’album. »
Il y a donc une partie des chansons de l’album qui a été écrite avant que le groupe ne parte en Islande, et l’autre partie s’est faite à la fin du processus d’enregistrement, de retour en Angleterre. « Nous avons écrit à Londres environ 10 chansons. Nous les avons emmenées en Islande et en avons enregistrées la plupart, environ 6. Puis nous sommes revenus, et nous avons écrit les dernières chansons tous dans la même pièce, avec tous nos instruments. »
Capturer des moments « d’alertes dans le cœur »
L’album, plus rock que le premier du fait de guitares plus présentes et plus fortes, porte le titre Alarms in the Heart. Peter Liddle explique que ce titre est une citation du Monde selon Garp, de John Irving. L’auteur américain évoque dans son livre les appels téléphoniques que l’on reçoit en pleine nuit, et qui créent une sorte d’alerte dans notre cœur car l’on s’inquiète de ce qui arrive à un être cher.
Peter Liddle s’est approprié cette citation pour l’album, trouvant une correspondance avec ce qu’il écrit. « Je trouve que ça me correspond bien car quand j’écris des chansons, et quand nous écrivons en tant que groupe nous essayons de parler d’évènements, d’obstacles, ces moments dans nos vies où on apprend quelque chose sur nous, et que nous devons résoudre des crises personnelles. Nous ne sommes pas un groupe qui écrit sur faire la fête, ou la vie quotidienne, mais plutôt sur le fait de surmonter des obstacles, ces moments importants dans nos vies. Et cet album c’est un peu une collection de ces instants « d’alertes dans le cœur » ».
Cela donne des textes souvent mélancoliques et sombres, avec parfois même des références bibliques comme dans Hidden Hand ou Genthesame.
Ce côté mélancolique que l’on attribue à Dry The River depuis son premier album n’est pourtant pas à prendre à sérieux selon Peter Liddle. « Je pense que les gens nous imaginent bien plus sérieux que nous le sommes vraiment. Dry The River parle de moments mélancoliques. Mais ce n’est pas à prendre littéralement. Nous voulons faire passer des émotions quand nous jouons, mais nous ne cherchons pas à rendre les gens dépressifs ! »
La voix de Peter Liddle porte ainsi des textes parfois obscurs, mais nous donne en effet une autre sensation à l’écoute de l’album. Le chanteur a en effet une voix très haute et portée qui donne de la douceur sur les guitares de Dry The River.
Le départ du violoniste et une évolution musicale
Durant l’enregistrement de l’album, William Harvey, le violoniste et claviériste de Dry The River est parti. Ce qui aurait pu fragiliser le groupe, n’a pourtant pas eu cet effet. Le groupe est donc maintenant composé de 4 membres. « : En fait le groupe avant tout c’était nous 4. On a toujours écrit comme 4 membres. Le violoniste est venu pour nous donner plus de texture. Il a joué sur des chansons que nous avions déjà écrites. »
On pourrait croire que le côté plus rock de l’album, avec des guitares plus fortes et lourdes, est dû au départ de William Harvey. Mais Peter Liddle explique que le groupe avait déjà la volonté de développer ce son, et de mettre moins de cordes dans ses arrangements.
Les 4 membres ont donc laissé partir le violoniste sur d’autres projets. « Nous avions déjà choisi d’orienter la musique vers quelque chose avec moins d’instruments à cordes, et quelque part ça nous a permis d’être plus libres et de ne pas ajouter des cordes partout. C’était en fait assez naturel. »
Le groupe a donc évolué musicalement parlant, et l’on retrouve d’ailleurs des critiques qui condamnent ce changement en évoquant un son plus familier des grands stades.
Peter Liddle explique pourtant que le groupe n’a jamais pensé à cela en faisant son album, et fait part de son étonnement face à des avis sur les albums de Dry The River. « Pour le 1er album on était surpris de voir les gens dire que nous étions un groupe de folk, car nous n’avions jamais réalisé que nous pouvions être considérés ainsi. Ici nous n’avons jamais pensé qu’il fallait qu’on fasse un plus gros son ou un son plus commercial, et nous sommes fiers de ce que nous avons fait. »
Le contact avec le public
Dry The River jouait dimanche à la Sala Rossa, une salle petite et assez intimiste.
Le groupe a aussi joué dans des festivals, et l’écart entre ces deux ambiances ne les rebute pas, au contraire.
Voir les visages du public et pouvoir communiquer avec lui est une chose qu’ils aiment beaucoup, mais ils apprécient également l’intensité des festivals . Pour finir Peter Liddle déclare : « On adore le fait d’être en tournée, rouler tous les jours, et jouer tous les soirs. C’est là qu’on se sent le plus vivant. »
Dry The River est donc un groupe à voir en concert, et qui reviendra certainement à Montréal, car ils aiment cette ville malgré le froid. Le froid qui avait l’air éprouvant pour Peter Liddle ce dimanche…
- Artiste(s)
- Dry The River
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- sala rossa
- Catégorie(s)
- Folk, Rock,
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